La mise en œuvre de décisions que l'on a voulues cohérentes fait toujours apparaître des choses qui peuvent ne pas paraître l'être complétement … Je l'assume. J'ai écouté ce que vous avez dit, monsieur Lagarde, sur le protocole sanitaire envoyé aux écoles et sur le protocole qui, à ma connaissance, n'est pas encore opposable aux médiathèques et je saisis cette occasion pour saluer la réouverture des médiathèques et des bibliothèques. Il faudra l'organiser, mais nous avons pensé que, les librairies rouvrant, il serait bon que les médiathèques et les bibliothèques publiques rouvrent aussi. Sur le fond, l'exemple que vous avez donné montre que nous devons être à l'écoute et pragmatiques. Nous allons observer ce qui se passe, et si des adaptations sont nécessaires, y procéder. Nous ne prétendons pas tout savoir d'avance sur un sujet pareil, il faut donc faire remonter ce qui vous semble être des anomalies. Vous avez constaté qu'après l'allocution du Premier ministre à l'Assemblée nationale, il y a une quinzaine de jours, nous avons déjà fait certaines corrections. Le Président de la République a décidé d'anticiper les annonces initialement prévues pour le 30 avril ; cela n'a pas facilité notre tâche mais cela nous a permis, depuis que le projet de plan est publié, d'écouter et d'essayer d'adapter ce qui doit l'être et qui devra encore l'être.
La limite des 100 kilomètres n'est pas parfaite, c'est vrai. Il y a, c'est exact, un écart de 1 à 8 dans la diffusion du virus selon les territoires, et un écart de 1 à 0,5 entre ce qu'il est permis de faire dans les départements « verts » et dans les départements « rouges ». Je m'inspire de ce qu'ont fait les pays étrangers : on déconfine avec prudence et on se donne une période d'observation, car si l'écart est celui-là, c'est que le confinement a globalement réussi. Le Gouvernement a décidé que si, dans trois semaines, l'écart est resté peu ou prou le même, on pourra accroître les marges de manœuvre. Il nous faut donc agir par phases, en étant à l'écoute, avec pragmatisme et progressivité, en faisant confiance aux territoires, puisque si la population et ses représentants ne s'approprient pas ces questions, le déconfinement ne fonctionnera pas bien.
Une discussion a eu lieu sur l'obligation du port des masques dans l'espace public. Je rappelle que la doctrine scientifique au sujet des masques a beaucoup évolué depuis qu'à une certaine période l'Organisation mondiale de la santé disait qu'en porter un pouvait laisser croire qu'il était inutile de respecter les gestes barrière. Ce n'est pas entièrement faux ; selon la Première ministre de Nouvelle-Zélande, le pays qui est sans doute le plus en avance dans la lutte contre cette pandémie, ces gestes sont la clef du succès ; mais les masques sont maintenant jugés un complément indispensable. L'État en a acheté, les collectivités locales également, et je suis heureux que l'État ait décidé de les aider à en acquérir. Ceux de nos compatriotes qui en ont fabriqué ont participé à leur manière à la lutte contre la pandémie. On a rendu le port du masque obligatoire en de nombreux lieux – ainsi, le responsable d'un commerce pourra l'imposer à ses clients – et son usage est recommandé dans mon rapport et par le Gouvernement. Faudra-t-il pour autant l'imposer dans tout l'espace public ? La question est en débat mais il difficile de dire que l'on veut faire confiance aux gens et de vouloir tout réglementer. Un équilibre est à trouver, mais la question est pertinente.
Peut-être, en effet, ne parais-je pas assez optimiste, monsieur Door, mais je considère qu'il faut dire les choses aux gens et qu'ils peuvent les comprendre. Il nous faut principalement être réalistes.
Monsieur Habib, j'ai tout lieu de croire, en mon âme et conscience, que nous sommes capables de réaliser 700 000 tests par semaine, Je ne peux pas vous dire un « oui » catégorique, mais je pense que cela va monter en charge progressivement, non parce que la capacité d'analyse ferait défaut ou parce que les tests manqueraient mais parce que, d'abord, quiconque présente un symptôme d'alerte doit appeler le médecin pour se faire prescrire un test de dépistage. C'est décisif. Nous avons prévu une montée en charge du dépistage, qu'il faudra sûrement élargir à d'autres publics.
Le plan de réversibilité comporte évidemment un volet relatif à l'organisation des soins, donc à l'organisation de l'hôpital. Il faut éviter une situation dans laquelle on serait obligé rapidement de décider d'un nouveau confinement : les personnels, auxquels il faut une nouvelle fois rendre hommage, sont épuisés. Nous prévoyons, sur la base de ce que nous avons très bien réussi pendant la crise aiguë du confinement, la gestion interrégionale solidaire de notre système hospitalier, en particulier, des capacités de réanimation.
L'habitant de Perpignan que je suis vous a entendu parler avec beaucoup de sollicitude des trains venant à Paris de très loin. Le transport ferroviaire doit reprendre partout, dans le cadre général des règles de sécurité sanitaire.
Depuis hier, les marchés peuvent rouvrir, dans le respect des consignes sanitaires, faute de quoi le préfet peut les interdire. Je comprends mal pourquoi les commerces non alimentaires ne seraient pas autorisés sur les marchés et je réserve ma réponse pour vérifier. Les échéances à venir, après le 2 juin, concernent les hôtels, cafés et restaurants. Le Gouvernement a donné de la visibilité aux organisateurs des grands festivals en annonçant que ces derniers ne pourraient avoir lieu cet été. Nous devrons aussi dès que possible dire à nos compatriotes à quoi ils peuvent s'attendre pour l'été ; au-delà des vacances, il s'agit de l'économie du tourisme en France. Le Président de la République a parlé de limiter les grands déplacements internationaux ; ce sera l'occasion de redécouvrir notre pays, mais il reste à préciser dans quelles conditions. Si les progrès constatés jusqu'à aujourd'hui se confirment ou, espérons-le, se confortent, nous pourrons prendre des décisions pour la phase suivante.