Intervention de Laurent Berger

Réunion du mardi 19 mai 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Laurent Berger, secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) :

S'agissant de la prime pour les soignants, la volonté de faire du cousu main et de la différenciation a provoqué des réactions plus négatives que positives. Cela n'a pas de sens. Si une prime est donnée aux aides-soignants et aux personnels hospitaliers, du secteur public ou privé, qui ont été exposés, tant mieux, mais cela n'épuise pas la question de la reconnaissance des métiers et celle de l'évolution de l'hôpital, et il faut que la prime soit uniforme.

J'ai déjà dit ce que je pensais du télétravail. Il va falloir travailler sur ce sujet, et c'est pourquoi nous proposons une négociation au patronat.

L'organisation en horaires décalés sera compliquée dans certaines grandes agglomérations. Je le répète : ce sont des négociations sur l'organisation du travail dans les entreprises qui permettront de s'adapter à la réalité et aux aspirations des salariés.

Certaines entreprises, comme Cisco, qui assurent les visioconférences à l'heure actuelle, ne sont pas en train de perdre de l'argent… Et pourtant, la fiscalité dont elles profitent n'est pas vraiment bénéfique à notre pays. Je n'ai pas d'états d'âme : les entreprises pour qui la crise aura constitué une opportunité, doivent participer davantage au bien commun. D'une manière plus générale, il y aurait beaucoup à faire en matière de fiscalité.

Nous défendons l'idée, avec des associations et des organisations non gouvernementales, qu'il faut une conférence qui prenne la forme d'un vrai processus, y compris au niveau territorial. On ne pourra pas faire l'impasse sur un examen précis, mais qui peut être très rapide, des enseignements de cette crise – et ils sont nombreux, sur les aspects sociaux, économiques, démocratiques, européens et internationaux. Essayons de le faire aussi bien que possible. Il faut remettre de la controverse utile dans les échanges : il n'est pas anormal que la société soit traversée par des intérêts contradictoires. La seule question est de savoir comment on s'organise pour que les uns et les autres soient écoutés et pour trouver les bonnes voies de passage. On ne pourra pas travailler sur la relance avec seulement quelques personnes, aussi talentueuses qu'elles soient, sans associer la société civile, les corps intermédiaires et les citoyens. Cette manière de faire ne passe plus.

Une fois qu'on se sera mis d'accord, ou non, sur certains grands principes – on peut appliquer le fait majoritaire pour les définir s'il n'y a pas de compromis, et je pense que la transition écologique et la réduction des inégalités devraient servir de cap –, il faudra une gouvernance de la relance pour suivre les politiques appliquées petites à petit, car personne ne croit au grand soir. Certains disent en se moquant que nous proposons de créer un nouveau commissariat général au plan, mais la question du chemin emprunté est déterminante : il faudra faire un choix d'une manière pleinement démocratique et sans repli sur soi.

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