Intervention de Yves Veyrier

Réunion du mardi 19 mai 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Yves Veyrier, secrétaire général de FO :

La question de la fiscalité renvoie à celles de la progressivité, de la redistribution, de l'évasion fiscale, mais surtout à un sujet de société majeur qui vaut pour chaque citoyen : l'adhésion à l'impôt. En matière économique, on agit souvent par le biais d'allégements d'impôts. Du coup, une moitié de la population ne paie pas d'impôt sur le revenu, mais paie des taxes – taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou contribution sociale généralisée (CSG) par exemple –, ce qui crée une forme de distanciation vis-à-vis de l'impôt. Certains de nos concitoyens n'ont plus conscience de ce qu'est la solidarité et les dépenses publiques. Pour être efficace, la fiscalité des revenus doit être beaucoup plus progressive et redistributive.

Je crois assez peu aux grandes messes sociales. On peut discuter des institutions de la Ve République, mais nous disposons de toutes les instances de la démocratie représentative y compris le Conseil économique et social – devenu le Conseil économique, social et environnemental – qui a pour origine une idée de Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT lors de la Première guerre mondiale. Au sortir du conflit, au vu des massacres perpétrés dans la classe ouvrière, le temps lui paraissait venu qu'elle ait son mot à dire sur la conduite de l'économie. Il a proposé la création d'une nouvelle institution mais n'a pu recueillir l'assentiment de Clemenceau. C'est ainsi qu'est né le CESE.

Sur ces questions, il faut articuler l'action de toutes les institutions. La négociation collective, à laquelle nous sommes très attachés, a son rôle à jouer. Elle fait partie des droits fondamentaux associés à la liberté syndicale et à l'OIT. Cette organisation internationale, créée en 1919, rassemble les travailleurs, les employeurs et les gouvernements de 187 pays, qui y concluent des conventions – la dernière en date porte sur toutes les formes de harcèlement et de violence au travail. L'OIT devrait être érigée au rang de leader dans l'organisation de la mondialisation. On n'a pas abouti sur la question de la clause sociale ; on parle, aujourd'hui, de la cohérence sociale des politiques dans le système multilatéral. Il faut agir à tous les niveaux, au sein de chaque pays, dans la mesure afin que les politiques économiques aient une finalité sociale.

C'est une erreur que d'introduire le germe de la division et de moduler la prime covid-19 en fonction de l'intensité du virus. S'ils avaient tous été confrontés à une situation identique, les personnels de l'hôpital se seraient mobilisés partout de la même façon. Certains sont d'ailleurs venus en soutien de collègues surchargés. C'est aussi une erreur de distinguer soignants et non soignants : un hôpital ou une clinique fonctionne aussi grâce à son administration. Quant aux agents des EHPAD, ils ont été surmobilisés et le resteront tant qu'on ne sera pas venu à bout de l'épidémie.

J'adhère, pour l'essentiel, à ce qui a été dit sur le télétravail.

L'organisation du travail renvoie, ma camarade de la CGT l'a fait remarquer, aux questions du logement et des modes de transport. Elle se pose différemment en Île-de-France et en province. En règle générale, ceux qui ont le temps de trajet le plus long sont aussi ceux qui ont des difficultés pour se loger correctement : les salariés des sociétés sous-traitantes de nettoyage font deux fois le trajet dans la journée depuis leur lointaine banlieue, car ils travaillent souvent deux heures le matin et deux heures le soir pour nettoyer les beaux locaux des bureaux parisiens.

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