Intervention de François Asselin

Réunion du mercredi 20 mai 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

François Asselin, président de la CPME :

La visioconférence me permet de répondre aux exigences de mes deux fonctions, puisque je suis aussi chef d'une entreprise de charpenterie-menuiserie, basée à Thouars, dans les Deux-Sèvres. Nous avons réussi à y maintenir une activité d'atelier – 100 % des effectifs devraient être présents dès la semaine prochaine –, mais nous avons toujours une grande difficulté à redémarrer l'activité de chantier.

Quand cette catastrophe est arrivée, la CPME a tout de suite souhaité mettre en œuvre une stratégie claire d'accompagnement et de soutien. J'ai demandé aux unions territoriales de rester proches et en contact avec leurs adhérents, car il est nécessaire d'être solidaire en ces moments difficiles.

Nous devons protéger les salariés, les entreprises, et les entrepreneurs. Je souscris au plaidoyer développé par Alain Griset en leur faveur : ce sont souvent des travailleurs non salariés (TNS), dotés d'un statut difficile à protéger et à accompagner.

Comme tous les Français, et comme nous-mêmes, nos salariés étaient réticents à l'idée de reprendre le travail sans protection physique. Il faut comprendre que de nombreuses entreprises, faute de masque, n'ont pas pu redémarrer. Mais nous avons passé cette période délicate.

Aujourd'hui, certaines questions restent entières. Comment, quand bien même le carnet de commandes serait bien garni, récupérer le niveau d'activité antérieur et remonter l'échelle de production, en remettant l'ensemble des salariés au travail ? Comment, dans certains secteurs, rouvrir malgré les contraintes – notamment la règle des 4 mètres carrés par client –, qui obèrent toute rentabilité ? Nous faisons encore face à de grandes difficultés, mais nous avons la volonté farouche d'avancer, car c'est notre intérêt à tous.

Pour la CPME, le plan de relance doit être tout à la fois un plan de soutien et un plan d'investissements. Nous avons besoin de perspectives dès maintenant. C'est dans les semaines qui viennent que les entreprises devront décider, par exemple, si elles garderont leurs apprentis en fin de cycle ou si elles en recruteront de nouveaux au mois de septembre. Sans perspectives, nous risquons de passer à côté d'une génération de jeunes, ce qui serait dramatique. Il faut dès aujourd'hui que s'installent les conditions de la confiance, porteuse d'espoirs.

Le plan de soutien et d'investissements doit d'abord cibler les secteurs à fort taux de main-d'œuvre, car la priorité est de donner du travail au plus grand nombre de Français. Il doit ensuite favoriser des investissements intelligents qui reviennent d'abord aux territoires, français et européens, et qui ne stimulent pas l'importation de produits manufacturés en Asie. Enfin, un grand plan de rénovation énergétique permettrait de réaliser à terme des économies, ferait travailler les PME et les TPE françaises, améliorerait les parcs immobiliers public et privé et aiderait à développer un principe constructif de grande qualité.

Au-delà de la relance horizontale, il convient de cibler les secteurs directement touchés que sont l'automobile et l'aéronautique. Certains des nombreux sous-traitants sont des pépites technologiques que nous ne voulons pas voir disparaître.

Dès le départ, la CPME a soulevé la question de la responsabilité des employeurs. Le Gouvernement et le Parlement ont traité le sujet avec grande intelligence et le compromis qui a été trouvé – obligation de moyens renforcés, sans risque pénal – a permis de restaurer la confiance. Ce que vous avez voté doit devenir pérenne, car la judiciarisation est un phénomène de société et le principe de précaution a tendance à se transformer en principe d'inaction. Les chefs d'entreprise, comme les élus, aiment à prendre des responsabilités, mais s'ils savent anticiper les risques professionnels, ils ne sont pas médecins et ne peuvent maîtriser le risque sanitaire.

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