Intervention de Geoffroy Roux de Bézieux

Réunion du mercredi 20 mai 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Geoffroy Roux de Bézieux, président du MEDEF :

Pour répondre au problème de l'emploi dans les mois et les années qui viennent, il faudrait inventer une boîte à outils dont le dispositif d'activité partielle ne serait qu'une composante.

Nous avons conclu avec l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) un accord, non encore validé, ouvrant la possibilité, dans les secteurs accusant une baisse structurelle des commandes, de « partager » le travail – le mot ne me fait pas peur. L'État compenserait la baisse de rémunération qui en découlerait. Cette solution pourrait avantageusement se substituer aux PSE, qui font disparaître les compétences.

Au-delà des restructurations et du chômage, nous craignons un tarissement des embauches. Comme l'a expliqué François Asselin, il faut faire dès maintenant des annonces concernant l'apprentissage, car les décisions se prennent avant l'été. Nous proposons de porter l'aide TPE jeunes apprentis, de 4 400 euros actuellement, à 10 000 euros. Cela créera sans doute un effet d'aubaine, nous devons l'accepter.

L'État ne peut continuer trop longtemps à payer 8 millions de salariés du secteur privé. Mais sans remettre en cause le principe de la dégressivité du taux de prise en charge, nous souhaiterions que la baisse soit progressive et que le reste à charge pour les entreprises n'augmente pas dès le 1er juin. Nous avons tous le sentiment que c'est trop tôt. La question du calendrier revêt une grande importance car le risque est que le chômage partiel ne se transforme en chômage tout court.

L'idée de secteurs prioritaires me gêne. La crise a montré que les codes d'activité principale (APE) étaient obsolètes : l'imbrication des secteurs économiques est telle que l'on peut difficilement distinguer les activités. C'est au terme d'un long débat que la ministre du travail a accepté que la prise en charge par l'État de l'activité partielle ne baisse pas dans les secteurs connexes aux secteurs fermés. Prenons l'exemple d'un grossiste travaillant pour les cafés restaurants : il n'est pas concerné par la fermeture administrative, mais il ne peut travailler. Nous ne souhaitons pas que le dispositif d'activité partielle perdure dans certains secteurs et s'arrête dans d'autres. Le patronat et les syndicats explorent de nouvelles pistes.

Je souhaite relancer la négociation sur la santé au travail dont nous avions décidé le principe avant le confinement. J'ai vu que des députés appelaient dans une tribune à une réforme, mais il faut laisser la démocratie sociale travailler. Nous faisons le constat d'un manque d'efficacité, de grandes disparités entre les services de santé au travail dédiés aux grandes et aux petites entreprises, de différences de qualité et de niveaux hétérogènes de tarification. En raison de la pénurie de médecins du travail, il faudrait pouvoir intégrer au système la médecine de ville et les infirmiers.

Le télétravail présente énormément d'avantages – 80 % de salariés qui y ont goûté lors du confinement ont apprécié – mais il recouvre aussi des inégalités, pose des problèmes d'ergonomie et d'adaptation des postes de travail. Je ne crois pas au « tout télétravail » et me méfie d'une approche binaire. Nous avons ouvert une discussion avec les partenaires syndicaux, dont je pense qu'elle devrait plutôt porter sur les nouvelles formes de travail. Pourquoi ne pas imaginer des hubs ou des lieux de rassemblement qui permettraient de rompre l'isolement tout en évitant les déplacements inutiles et polluants ? La crise a révélé des tendances, je suis convaincu des changements qu'elle a induits, mais là encore, il faut nous laisser quelques mois pour travailler.

Nous venons de traverser une période intense de dialogue social, plus ou moins formalisé selon les entreprises. Si les cas d'Amazon et de Renault Sandouville ont été médiatisés, c'est que ces sites étaient l'exception : dans la grande majorité des cas, les salariés, les organisations représentatives et les employeurs ont échangé pour trouver la meilleure façon de fonctionner. D'ailleurs, un sondage publié par Le Parisien montre que les salariés, dans leur grande majorité, sont rassurés par les mesures prises par leur employeur.

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