Intervention de François Asselin

Réunion du mercredi 20 mai 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

François Asselin, président de la CPME :

Dans la situation que nous connaissons, il faut actionner tous les leviers, à commencer par celui de la formation professionnelle, en mobilisant le plan d'investissement dans les compétences (PIC) et les pactes régionaux d'investissement dans les compétences (PRIC).

Nous avons présenté hier à la ministre du travail une série de préconisations communes concernant l'apprentissage. Il est très important de maintenir la fluidité des formations. Pour cela, nous proposons que les apprentis parvenus en fin de cycle et en passe de décrocher leur CAP, leur bac pro ou leur BTS, puissent suivre une année supplémentaire en alternance, sanctionnée par une mention qualifiante. Cela laisserait le temps aux entreprises qui n'ont pas encore de visibilité et peut-être une partie de leurs salariés toujours en activité partielle de signer plus tard un CDI ; les apprentis, de leur côté, resteraient en contact avec leur entreprise tout en continuant de se former. Nous proposons aussi que les PME et les TPE, très fragilisées, puissent être en mesure d'accueillir un nouvel apprenti à la rentrée sans que cela leur coûte quoi que ce soit durant une année.

Je suis moi aussi très sévère sur la santé au travail. Un sondage que nous avons réalisé auprès de 1 800 chefs d'entreprise montre que 86 % d'entre eux n'ont pas été contactés par leur service de santé au travail depuis le début de l'épidémie. Pourquoi, dans une telle situation, les entreprises ne sont-elles pas accompagnées ? Pour ma part, j'ai tenté seul d'imaginer comment protéger mes salariés avant de recevoir le guide des bonnes pratiques. La médecine du travail, dont je ne remets pas en cause la qualité, m'a seulement demandé si j'avais mis à niveau mon document unique et mon plan de continuité d'activité – elle avait reçu l'ordre de ne pas se déplacer en entreprise ! Durant la même période, certains médecins généralistes étaient désœuvrés ; j'aurais apprécié qu'ils puissent venir rassurer mes salariés, les soumettent à un questionnaire santé, dans le respect, bien sûr, du secret professionnel. Ce que nous avons vécu, et que nous vivons encore, est ubuesque. Le système coûte très cher aux entreprises pour un service inexistant. Il faut le revoir de fond en comble, et nous avons quelques idées en la matière.

Le télétravail est apparu dans les médias comme le Graal des salariés, mais tout est question d'équilibre. Certains, qui en rêvaient, ont déchanté lorsqu'ils se sont trouvés contraints de travailler depuis leur domicile ; d'autres, qui le décriaient, ont découvert que ce n'était pas si mal. Il est de temps en temps nécessaire de se voir pour se stimuler, faire équipe, cultiver le sentiment d'appartenance à l'entreprise. La tentation ne sera-t-elle pas de se défaire des liens de subordination et d'externaliser tous les services qui peuvent l'être, en ne travaillant plus qu'avec des indépendants ? Attention à la voie dans laquelle nous nous engageons : elle pourrait se révéler un piège pour ceux qui rêvent de devenir télétravailleurs. Avant de se lancer dans une négociation, nous devons faire le point et clarifier les choses. Il faut éviter de rajouter de la contrainte à des acteurs économiques qui n'en ont surtout pas besoin.

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