Intervention de François Asselin

Réunion du mercredi 20 mai 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

François Asselin, président de la CPME :

Une démocratie moderne a besoin de corps intermédiaires constitués et placés en position de responsabilité pour faire accepter au plus grand nombre les réformes nécessaires. Or les organisations patronales que nous représentons n'ont pas renversé la table depuis de nombreuses années. J'approuve l'idée d'un Grenelle du développement humain, mais comment lui donner chair si nous nous enferrons dans cette stérilité collective ?

À la CPME, voilà deux ans que nous travaillons à refonder le paritarisme, à imaginer un nouveau contrat social. Pour que les corps intermédiaires jouent pleinement leur rôle, ils doivent être mis en position de responsabilité, d'indépendance et de transparence. Cela suppose l'interdiction de l'endettement des organismes en gestion paritaire, l'adoption de règles strictes concernant la dette, la suppression de la garantie de l'État, toutes propositions que nous avions avancées dans le cadre de la réforme des retraites.

Quand on s'arc-boute sur des avantages acquis, du côté tant syndical que patronal, alors que le monde autour de soi ne cesse d'évoluer, on ne rend service à personne, et surtout pas à ceux dont on est chargé de défendre les intérêts. La réforme du paritarisme s'impose donc, pour faire de ses acteurs une force efficace qui soit au rendez-vous de l'histoire.

Concernant la main-d'œuvre, certains secteurs auront des besoins, d'autres connaîtront une pénurie. Un des leviers à notre disposition est le prêt de main-d'œuvre, qu'une ordonnance permet de faciliter. Si cette possibilité est encadrée de manière souple, elle peut être utile à beaucoup de salariés et d'entreprises.

Le levier de la formation professionnelle pourrait également être activé, à condition d'améliorer ce volet. Selon France compétences, le compte personnel de formation (CPF) a été utilisé durant le confinement par 1 % des ouvriers, 2 % des employées, techniciens et agents de maîtrise, 3,5 % des cadres. Je m'attendais au contraire à ce que ces chiffres explosent ! C'est un échec cuisant. Ne faudrait-il pas redonner la main aux chefs d'entreprise pour renouer avec les plans de formation, qui fonctionnaient très bien ? Le problème du CPF, c'est qu'il est monétisé et propre au salarié, qui estime donc que c'est à lui de décider ce qu'il en fait.

Il y a en outre un énorme problème : les entreprises de taille intermédiaire – entre 50 et 300 salariés – continuent de payer la mutualisation de la formation sans avoir de retour sur investissement. Il faudrait réorienter les fonds du plan d'investissement des compétences (PIC) vers les ETI pour réactiver les plans de formation.

Le dispositif renforcé de FNE-formation pour les entreprises dont l'activité est ralentie ou arrêtée permet une prise en charge des coûts de formation des salariés en chômage partiel. Il faudrait l'élargir et en faire davantage la promotion.

Je n'ai plus de remontées du terrain sur des ruptures d'approvisionnement. Toutefois, pour certaines commandes de masques FFP2, les dates de livraison ne sont plus indiquées. Il faut veiller à ce que leur fourniture reste fluide, car sans cet équipement, une entreprise peut rapidement être condamnée à la fermeture.

De nombreux salariés de notre pays exercent des métiers modestes. Parmi eux, certains sont parvenus, à force de volonté et grâce à leur potentiel, à s'élever dans la société jusqu'à devenir chefs d'entreprise ; c'est le cas de beaucoup d'artisans. Or, il est parfois peu motivant pour un jeune d'imaginer qu'en vingt ans de métier, il n'évoluera pas et conservera toujours le même salaire. Invisibles par temps normal, ces tâches se sont avérées essentielles et doivent être valorisées.

À nouveau, du temps où les chefs d'entreprise avaient la main sur les plans de formation, ils étaient en mesure de jouer les stratèges et de distiller auprès de leurs salariés des informations utiles pour l'orientation de leur carrière. C'est cette maîtrise du parcours professionnel qu'il faut retrouver.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.