Intervention de Alain Griset

Réunion du mercredi 20 mai 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Alain Griset, président de l'U2P :

Comme François Asselin, il me paraît indispensable de revoir avec l'État le rôle et les missions réellement confiées aux partenaires sociaux. Quand on nous dit qu'on gère une structure, il est important de savoir jusqu'où on la gère et si on nous permet de la gérer vraiment. Dans certaines caisses d'assurance maladie, nous sommes présents, mais notre pouvoir d'intervention est faible. Je confirme que pendant cette crise, malgré la dureté de la situation, nous avons beaucoup échangé et le fait est que nous n'avons pas connu de problèmes sociaux majeurs dans les entreprises. Pour résumer, lorsque l'on nous fait confiance, cela ne fonctionne pas si mal.

On dit souvent que la baisse de la TVA influe sur les prix et permet d'augmenter la consommation. Je serai plus nuancé, car les contraintes sanitaires qui seront imposées aux hôtels, cafés et restaurants ne leur permettront de toute façon pas d'accueillir davantage de clients. Par ailleurs, la TVA étant un impôt que l'on collecte avant de le rendre, sa réduction ne fait pas gagner de marges à l'entreprise. Il convient de s'interroger plus généralement sur le modèle auquel le secteur devra se conformer, quasiment incompatible avec l'équilibre économique de ces sociétés.

Le modèle économique de la grande industrie n'est pas celui des indépendants. Dans les industries, la robotisation a allégé le poids du coût du travail, tandis que pour nos adhérents, le coût du travail représente l'essentiel des charges de l'entreprise. Si nous devons engager la réflexion à laquelle nous invite M. Pancher, il faudra prendre en compte la taille des entreprises. Trop souvent les mesures prises sont verticales, sans distinction des modèles. En France, c'est l'État qui assume les difficultés, tandis qu'aux États-Unis, où il y a eu 30 millions de chômeurs en deux mois, c'est l'individu, avec toutes les conséquences qui en découlent. Il est nécessaire de revoir le modèle des entreprises à forte densité de main-d'œuvre pour qu'on puisse les développer.

Si l'on met de côté la question des masques, nous n'avons pas de problèmes d'approvisionnement.

Au mois de février, la principale préoccupation des entreprises était de trouver de la main-d'œuvre qualifiée – d'où l'importance de la formation et de l'apprentissage. Le problème ne se pose plus car il n'y a pas de travail, mais il sera peut-être à nouveau d'actualité dans six mois ou un an. C'est pourquoi nous sommes très attentifs à ce que la chaîne de la formation ne casse pas.

Le modèle de l'assurance-crédit pose beaucoup de questions, les dégradations de notes ayant des conséquences sur les prêts bancaires. On a évoqué, avec Bruno Le Maire, l'idée de neutraliser plus ou moins la période de crise sanitaire dans la notation des entreprises, car elles pourraient être très pénalisées alors qu'elles ne sont pas directement responsables de ce qui s'est passé. C'est une piste de réflexion.

Paris, Lille ou Marseille sont des villes fantômes sans artisans, commerçants, ou professions libérales. Nous avons tous intérêt à permettre aux bouchers, aux charcutiers, aux boulangers, aux médecins libéraux, qui ont été indispensables pendant la crise sanitaire, de continuer à se développer et d'être rentables, afin que chacun puisse gagner sa vie.

La répartition de la valeur est un élément capital. Mais le consommateur est-il prêt à payer un coût supplémentaire ? N'oublions pas, outre le coût de la prestation, les taxes et impôts qui font qu'au final le prix est élevé. Nous espérons à l'U2P que nous parviendrons collectivement à tirer profit de cette crise pour que nous allions de l'avant, que nos entreprises soient plus fortes demain et que notre pays fonctionne encore mieux.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.