J'ai en effet préfiguré l'Agence nationale de santé publique, puis dirigé pendant trois ans Santé publique France. Pourquoi une telle agence en France ? Nous avons fait le constat que la France était le seul pays au monde à ne pas disposer d'une agence nationale. Elle avait fait le choix, au gré des crises, de créer des agences par fonction de santé publique : une agence pour l'épidémiologie, une autre pour la prévention, une autre encore pour la réponse à apporter... Marisol Touraine a souhaité regrouper ces agences, afin de créer une alchimie entre la connaissance et l'action, de disposer de l'expertise scientifique et de proposer des éléments de réponse dans ce domaine.
Il y avait, de la part de Marisol Touraine, une vraie volonté de renforcer nos capacités de santé publique. Si j'ai accepté de prendre ce poste difficile et de quitter la Pitié-Salpêtrière, où j'étais particulièrement bien, c'est parce que l'enjeu était très important pour notre pays. Après avoir mené une démarche très participative avec l'ensemble des personnels – ils y étaient au départ assez opposés, chacun craignant pour sa propre chapelle –, j'ai créé une agence qui fonctionne, avec quelques succès : le développement considérable de la prévention avec la mise en place du marketing social ; un système national de surveillance qui nous permet de ne pas être aveugles face aux épidémies ; la mise à disposition de toutes les données, qui sont accessibles sur internet ; la transparence des avis ; une réserve sanitaire démultipliée, avec autant de mobilisation de réservistes en 2017 que dans les dix années précédentes avec l'EPRUS.
Enfin, une fusion entraîne une réduction de l'emploi – je ne suis pas naïf. Comme dans beaucoup de fusions, on m'a demandé de réduire les effectifs de 10 %, ce que j'ai fait. Puis j'ai découvert qu'il y avait déjà eu 10 % de réduction entre 2010 et 2014. L'agence a ainsi perdu 20 % de ses effectifs dans ses trois périmètres – INPES, InVS et EPRUS. Cela a des conséquences s'agissant des personnels, qui sont des scientifiques de haut niveau : une personne en moins, ça compte.