Il y avait besoin d'une doctrine, parce qu'on hésitait trop entre, d'un côté, les masques pour la population et, de l'autre, des masques pour les professionnels. Cette question taraudait tout le monde : les experts de Santé publique France, pilotés par Jean-Paul Stahl, sont des médecins qui déterminaient de quoi avaient besoin la population et les soignants. Mais lorsque le stock stratégique s'est considérablement réduit, nous nous sommes placés dans une logique populationnelle – les masques sont destinés aux patients symptomatiques et à leurs contacts –, ce qui change tout, notamment en termes de format !
Nous discutons à cette époque avec la DGS, à sa demande, d'une expérimentation du port du masque pendant les épidémies de grippe, afin d'y accoutumer les Français. Je réponds qu'il conviendrait plutôt de promouvoir les masques sans attendre l'expérimentation, parce que cela permet de réduire les risques : en cas d'épidémie, même avec 30 ou 40 % d'efficacité, le port du masque peut diminuer les transmissions. Comme il y a chaque année 10 000 morts de la grippe, cela vaut le coup ! Nous avons pu constater, lors de cette discussion, que la DGS elle-même était en train de basculer en faveur des masques pour la population. De ce fait, avec le changement de doctrine, plus personne ne pensait aux hôpitaux. Je me demande donc s'il y a eu des directives pour aider les hôpitaux à évaluer leurs besoins et à faire leurs achats.