Je ferai la même réponse que tout à l'heure : je pense qu'il y avait, dans le processus de décision, toute une série de personnes qui ne croyaient pas réellement à l'utilité de la distribution de masques à la population, et que c'est cela, davantage que la dimension budgétaire, qui explique le fait que la cible était non plus 1 milliard, mais quelques centaines de millions. Il suffit, pour comprendre cette logique que j'ai perçue par moments, de reprendre tout ce que disaient et répétaient, au début de l'épidémie, tous ces professionnels de santé – professeurs de santé publique et infectiologues – à propos des masques : ils ne pensaient pas qu'ils étaient efficaces en population générale. Les politiques ont d'ailleurs repris ces propos. Il y a donc une fracture entre l'expertise de M. Stahl et la croyance – je pèse mes mots – de ces personnes, ou leurs représentations, s'agissant des masques. Derrière cela, il y a ce que j'appelle l'« évidence pèse-médecine », à savoir des personnes qui font de l'évaluation, qui décident si le masque est efficace ou pas, et pour lesquelles les choses sont soit noires soit blanches, par opposition à la conception des professionnels ayant déjà vécu de nombreuses crises et qui étaient, pour leur part, dans une logique de réduction des risques.