Monsieur Bourdillon, le diable se cache souvent dans les détails. Or vous avez fait état de choses très précises quant aux résultats des tests réalisés sur le stock de masques, qui ont conduit à les déclarer défectueux. Si je comprends bien, vous avez testé les différents éléments de la norme médicale EN 14683 : échecs s'agissant de la filtration bactérienne – c'est-à-dire un résultat inférieur à 95 % –, de la respirabilité – ce qui veut dire que les masques étaient trop respirables – et de la propriété microbienne – ils présentaient plus de trente unités formant colonie (UFC) par gramme, autrement dit ils étaient attaqués par des champignons, des bactéries ou des virus. Le média filtrant avait donc perdu sa charge électrostatique ou était détérioré. Cela signifie que les masques avaient été entreposés dans de très mauvaises conditions. L'état des masques révèle donc un énorme problème de logistique.
Au passage, je note qu'on a beaucoup encensé, hier, les normes AFNOR, mais vous serez d'accord avec moi pour dire qu'aucun des éléments que j'évoquais n'est testé dans le cadre de cette norme. Les masques que vous avez, à juste titre, déclarés défectueux pour un usage médical pouvaient donc tout à fait être validés comme masques grand public. Lorsqu'une partie des masques a été sauvée de l'incinération parce qu'ils pouvaient quand même être utiles à quelque chose, était-ce au regard des critères de la norme médicale, ou bien de ceux d'une norme plus tolérante, en considérant qu'on pouvait donner à la population des masques dont l'efficacité était douteuse ? Du reste, aucune des normes en vigueur ne teste la filtration des virions : leur taille est inférieure à celle qui est requise dans le cadre de la norme médicale et de la norme pour les équipements de protection individuelle (EPI), applicable aux masques dits FFP1, FFP2 et FFP3.