Intervention de Julien Aubert

Réunion du mercredi 17 juin 2020 à 15h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Aubert :

Je reviens sur le choix qui a été fait de destiner les masques à la population générale plutôt qu'aux soignants. Je ne comprends pas comment on peut conduire une stratégie qui ne tient pas compte de la doctrine de l'État. Vous nous avez expliqué qu'il n'y avait pas de consensus sur l'efficacité du port du masque au sein de la population, ce qui explique qu'on n'ait pas véritablement renouvelé les stocks. Dans un pays cartésien, comment peut-on expliquer que l'État change de doctrine – sur une base légale mystérieuse – et que des fonctionnaires décident qu'on ne l'appliquera pas, ou seulement partiellement ? En 2009, le SGDSN préconisait le masque pour tous. On invoque, à l'appui du changement de doctrine, une circulaire de 2011 de Xavier Bertrand, que personne ne retrouve, un avis du Haut Conseil de la santé publique du 1er juillet 2011, la doctrine du SGDSN du 16 mai 2013. Je ne vois rien concernant les masques dans les plans ORSAN (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) et ORSAN-REB (risques épidémiques et biologiques). Quel est donc le document qui fixe la doctrine et pourquoi ne le respecte-t-on pas ?

Par ailleurs, la vision comptable a-t-elle supplanté le principe de précaution ? Lorsque vous distinguez médecins de terrain et théoriciens, je crois entendre le professeur Raoult, qui se décrit comme un épidémiologiste de terrain, loin des gens qui, à Paris, bâtissent des théories. M. Salomon a affirmé qu'il n'avait pas d'opinion tranchée en la matière, mais considérait que le port du masque n'avait pas d'effets sanitaires majeurs. Le choix de n'acheter que 50 millions de masques n'a-t-il pas été motivé davantage par des considérations budgétaires, comme l'a suggéré Éric Ciotti, que par la conviction de leur inutilité pour la population ? M. Salomon nous a par ailleurs expliqué que les masques pouvaient avoir de l'effet si la population était nombreuse à le porter. Le choix qui a été fait a donc contredit la stratégie médicale et paraît incompréhensible au regard des travaux qui ont été publiés : avant le rapport Door-Blandin de 2005, qui a montré l'utilité du masque, une étude de The Lancet de 2003 explique qu'il est plus efficace que certains gestes barrières. Pourquoi des médecins ne peuvent-ils, sur le fondement de ces publications, trancher la question de l'efficacité du masque ? Comment se fait-il qu'après quinze ans de controverses, on ne soit pas parvenu à une conclusion ?

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