Elle me paraît réaliste et constituerait une protection. On ne saurait s'en remettre à une ligne budgétaire de prévention, utilisable en cas de difficultés car, le jour où survient une épidémie, on se retrouve dans la situation actuelle.
Je précise que j'ai quitté l'agence parce que j'ai atteint la limite d'âge – j'aurais volontiers prolongé mon activité. Une structure de cette taille, qui est l'agence de référence de sécurité sanitaire, a besoin d'un directeur général. Mon adjoint, qui est quelqu'un de très solide, grand connaisseur de la santé publique, a assuré l'intérim. C'est une position difficile, par nature temporaire, où on est amené à gérer les affaires courantes. Le directeur général est très exposé, assume de lourdes responsabilités, fait face à de nombreuses tensions, assure l'interface quotidienne avec le politique ; à cela s'ajoute la dimension scientifique. Beaucoup hésitent à quitter le confort de l'université et leur liberté de parole pour occuper cette fonction. Il faut probablement revoir la formation en santé publique pour disposer d'un vivier de professionnels à même d'occuper ce type de postes. Je rappelle mon itinéraire : j'ai fait de la médecine hospitalière, du cabinet et j'ai assumé des fonctions au ministère de la santé, ce qui m'a permis de connaître tous les mondes. À cet égard, j'ai un profil très atypique. On a besoin, pour occuper ce poste, de personnes passées par une ARS, par le ministère, qui entretiennent beaucoup de liens avec les professionnels de santé. À l'origine, Santé publique France était le Réseau national de santé publique. Le réseau est primordial : on ne peut faire fonctionner l'institution que si on connaît énormément de gens et que l'information remonte. Ce délai de six mois a donc été dommageable.