J'ai conscience du moment très solennel que représente une audition par une commission d'enquête.
Entre autres missions, Santé publique France est chargée de la synthèse des statistiques relatives au coronavirus – personnes atteintes, patients hospitalisés, en réanimation et victimes. Mais l'agence est pleinement consciente qu'avant d'être des chiffres, ce sont des pères, des mères, des enfants, des amis, des collègues. À titre personnel et en ma qualité de directrice générale, je m'associe à leur peine.
Nous sommes réunis pour analyser la gestion de la crise. Si la gestion administrative des crises peut parfois paraître désincarnée, ou lointaine, elle ne l'est évidemment pas. Nous sommes solidaires, respectueux de tous ceux qui ont souffert ou souffrent encore, directement ou indirectement, du covid-19, des professionnels de santé mobilisés à leur chevet et de tous les Français également mobilisés, faisant de leur mieux pour apporter leur contribution à la lutte contre cette pandémie. Le moment est particulier car le virus circule toujours. Nous n'en avons donc pas terminé avec cette maladie, qui va s'inscrire dans le temps long de notre histoire.
L'agence a été créée le 1er mai 2016. Elle est issue de la fusion de trois établissements publics administratifs – Institut de veille sanitaire (INVS), Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) et Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS). Il s'agissait de réunir au sein d'une même agence sanitaire toute la chaîne d'activités afin de connaître, expliquer, préserver, promouvoir l'état de santé de la population française, mais aussi de la protéger – nous sommes responsables des alertes et de la gestion des situations sanitaires exceptionnelles.
L'agence dispose d'un périmètre d'intervention comparable aux meilleures agences internationales. Il s'agit d'un établissement public administratif, placé sous la tutelle du ministère chargé de la santé. Elle emploie environ six cents agents, répartis sur tout le territoire, sur notre site national à Saint-Maurice et au sein des quinze cellules régionales placées auprès des directeurs généraux des agences régionales de santé.
Un contrat d'objectifs et de performance est signé pour cinq ans avec le ministère des solidarités et de la santé – le dernier date de 2018. Chaque année, le conseil d'administration de Santé publique France vote son programme d'activités et son budget en s'appuyant sur les moyens humains et financiers adoptés en projet de loi de finances (PLF) et en projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS).
Ses principales missions sont l'observation, la veille, la surveillance et l'alerte pour protéger les Français ; la prévention, la promotion, l'éducation en faveur de la santé ; la préparation et la réponse aux situations exceptionnelles et aux crises. François Bourdillon, que vous venez d'auditionner, vous a expliqué comment l'agence avait été construite.
Je profite de cette audition pour transmettre une pensée chaleureuse à tous les personnels de Santé publique France, mobilisés sans relâche au cours des mois les plus intenses de la crise. Je les remercie pour leur conscience professionnelle et leur engagement, qui fait honneur à l'agence. À mon arrivée, on m'a expliqué que les femmes et les hommes qui travaillaient à l'agence n'étaient pas là par hasard. Ils l'ont confirmé au-delà de ce que nous pouvions imaginer : ils ont fait face à cette pandémie avec courage et solidité.
Quelles sont nos missions par rapport à celles des autres acteurs qui interviennent dans la gestion de la pandémie ? Elles recouvrent la surveillance, l'investigation épidémiologique et les actions de prévention. La surveillance passe par la collecte d'informations, leur fiabilisation, l'alerte autant que nécessaire, et l'investigation épidémiologique qui s'est traduite par le traçage des contacts durant la première phase du covid-19. Les données collectées étaient ensuite communiquées lors du point quotidien du directeur général de la santé – elles le sont à présent par communiqué de presse du directeur général de la santé. Elles sont également mises à la disposition du public sur le site internet de Santé publique France, où le tableau de bord épidémiologique est mis à jour quotidiennement. Au 10 juin, l'espace dédié au covid-19 sur notre site avait fait l'objet d'environ 14 millions de visites – correspondant à 28 millions de pages vues.
Nous sommes également chargés de diffuser les recommandations visant à la prévention de la transmission du virus. Nous avons ainsi conçu les spots télévisés, les messages radio, les bannières digitales et les affiches visant notamment à promouvoir les gestes barrières et la distanciation sociale. Les équipes de Santé publique France apportent un soin tout particulier à toucher tous les publics. Ainsi, toutes les vidéos sont traduites en langue des signes. Au 10 juin 2020, plus d'un million de pages de notre site internet dédiées aux mesures de prévention avaient été consultées.
Enfin, il nous revient d'organiser la constitution et la formation de la réserve sanitaire.