Intervention de Geneviève Chêne

Réunion du mercredi 17 juin 2020 à 17h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Geneviève Chêne, directrice générale de Santé publique France :

Le lien entre les cellules de Santé publique France et les ARS est essentiel. Dès le début, nous avons constaté que la progression de l'épidémie était plus ou moins intense selon les régions : cela a rendu d'autant plus importante l'analyse, à l'échelon territorial, des tableaux de bord et des indicateurs locaux. Cette synthèse qualitative et quantitative nous a permis de caractériser les territoires en matière de vulnérabilité au virus. Ainsi, nous avons appris progressivement qu'un nombre élevé d'EHPAD ou d'autres structures pour personnes âgées était un indicateur de vulnérabilité, nécessitant une surveillance plus intense.

D'après notre expérience, l'analyse des indicateurs de l'épidémie à l'échelon territorial est très efficiente pour éclairer les décideurs locaux, l'ARS en lien avec les préfets et l'ensemble des élus. L'analyse et le partage des informations sont cruciaux. La veille sanitaire et l'alerte exercées par les cellules régionales de Santé publique France, qui se caractérisent par leur indépendance scientifique, sont essentielles.

En effet, le rôle des cellules régionales est de faire valoir les analyses épidémiologiques et scientifiques auprès des ARS. Il peut exister des divergences d'analyse, mais dans la grande majorité des cas, les relations sont excellentes. Actuellement, l'analyse par les cellules régionales et les équipes des ARS de la situation épidémique ainsi que l'investigation des clusters font l'objet d'une remontée quotidienne.

J'ai pris l'exemple des échanges que j'avais eus fort logiquement avec mon homologue chinois, mais il n'est pas le seul à avoir fourni les éléments scientifiques utiles à notre veille sanitaire… Les 100 à 150 épidémiologistes spécialistes des maladies infectieuses qui travaillent au sein de l'agence ont exercé leur propre veille, en analysant la littérature et les données partagées par les agences sanitaires nationales – notamment allemande – et par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), structure chargée de la diffusion et de la comparaison des données internationales.

Vous m'avez demandé si Santé publique France avait été écartée du cœur du dispositif. L'agence est en lien permanent avec le centre de crise sanitaire (CCS) et le directeur général de la santé. La direction de crise a bénéficié à plein de notre savoir-faire, puisque les données que nous produisons quotidiennement alimentent ses tableaux de bord. Par ailleurs, nos équipes de prévention et de promotion de la santé ont été pleinement mobilisées pour concevoir les différents messages d'information.

Il est vrai que la tonalité des spots a semblé plus sévère – nos messages sont caractérisés d'ordinaire par une certaine bienveillance – mais c'est bien l'esprit dans lequel ils ont été conçus. L'analyse formelle de leur impact est en cours. Deux enquêtes, publiées dans le point épidémiologique hebdomadaire, montrent que l'adoption des gestes barrières et l'observance de la distanciation sociale, même si elles s'érodent, ont été très fortes. L'adhésion de la population a dépassé les 70 %. Il nous appartient d'analyser pourquoi ce taux est bien moindre lors des épidémies de grippe, alors que les campagnes de communication sont formidables.

Je tiens à saluer les professionnels de santé, qui ont été nombreux à se mobiliser pour rejoindre la réserve sanitaire. Il est vrai que l'inscription en ligne a connu quelques difficultés au départ mais le site fonctionne désormais. Sur la base des demandes des ARS, treize régions ont reçu du renfort : 1 400 réservistes ont été mobilisés, ce qui représente 152 rotations et 17 355 journées de mission. Ces personnels ont été affectés à l'accueil sanitaire des personnes en provenance de zones à risque et à l'accompagnement des ressortissants résidant à Wuhan, dans les services de réanimation et à la régulation du SAMU, dans les EHPAD et les soins de suite ainsi que sur les plateformes téléphoniques. Depuis le déconfinement, certains d'entre eux ont été envoyés en mission à Mayotte et en Guyane ou viennent en renfort des personnels des EHPAD. Les réservistes sont mobilisés pour des périodes assez longues et « clés en main », le logement, l'assurance ou le transport étant pris en charge.

Les principales modalités de transmission de ce virus respiratoire sont connues. Mais s'agissant des modes de contamination aux différentes phases de la maladie, nous en sommes encore au stade de la recherche. Des enquêtes sont menées notamment sur les clusters – la contamination des personnels au sein des abattoirs a donné lieu à analyse.

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