Madame Chêne, il vous faut être plus précise et cesser les digressions – je le dis aussi à l'attention de Jérôme Salomon et des personnes qui seront auditionnées. Si Sylvie Auconie évoque des moisissures concernant le stock de masques, c'est qu'elle reprend les termes de M. Bourdillon : ces moisissures ne se développent pas n'importe comment sur du polypropylène, il faut que les taux de température et d'humidité favorisent leur croissance. Quand bien même c'était du temps de l'EPRUS, il a bien dû se passer quelque chose sur ces stocks !
Par ailleurs, la question des données manquantes me pose problème ! Lors de votre précédente audition, vous aviez expliqué que l'absence de données concernant la morbidité et la mortalité dans les EHPAD était liée à une panne informatique. De la même manière, vos statistiques publiées dans le point épidémiologique du 30 avril et concernant la période allant jusqu'au 14 avril n'incluaient pas l'anosmie et l'agueusie. Or ces symptômes étaient connus depuis la mi-mars – il suffit de faire une recherche sur Google – et les spécialistes ORL en parlaient déjà.
Si votre définition de cas possibles avait été différente, le Charles de Gaulle aurait pu être sauvé. Le rapport du service de santé des armées souligne que si l'anosmie et l'agueusie avaient figuré aux côtés des signes cliniques d'infection respiratoire aiguë avec fièvre ou sensation de fièvre, le médecin à bord aurait su, peut-être même avant de repartir de l'escale de Brest, que le bâtiment transportait des cas et nous n'aurions pas perdu la moitié de notre dissuasion nucléaire ! Nous avons perdu un porte-avions et nous avons dû refaire les statistiques concernant les EHPAD. Nous sommes la risée du monde entier. Je suis scandalisé ! On peut certes être bien intentionné, mais faire n'importe quoi. Il faut que vous expliquiez pourquoi ces données ont manqué. Ce n'est pas sérieux de la part d'un service tel que le vôtre !