J'allais précisément vous le dire. Je conçois tout à fait cette requête et y souscris complètement. Si la doctrine demeure intégralement de la responsabilité du ministère de la santé, l'expertise de notre agence doit pouvoir être mobilisée et nous devons être partie prenante dans la discussion, qui doit être collective, étant donné que cela concerne des stocks stratégiques de l'État et la protection de la population.
Sur les tests, nous souhaitions diagnostiquer le plus possible et mener une campagne de dépistage à large échelle, puisque c'est en détectant l'ensemble des cas, en prenant toutes les mesures et en retraçant les contacts que l'on peut maîtriser l'épidémie. C'est d'ailleurs bien la stratégie qui a été mise en œuvre à la fin du confinement. Elle faisait partie des propositions de Santé publique France au moment des discussions concernant la sortie du confinement.
La définition des cas possibles, publiée sur le site de Santé publique France, est épidémiologique, ce qui signifie qu'elle ne limite en rien la pratique des cliniciens qui souhaitent prescrire des tests ; elle n'est pas clinique.
Concernant les EHPAD, Santé publique France a identifié très tôt que le système de collecte de données du portail de signalement du ministère ne permettait pas une remontée rapide. De la manière la plus réactive possible, dès lors que nous avons eu des signalements du terrain, nous avons conçu et mis à disposition des pouvoirs publics une nouvelle application permettant de faire le recueil du nombre de cas. Ce nouveau système fonctionne très bien et permet aux ARS de détecter le plus rapidement possible les nouveaux clusters. Quant à nous, il nous permet de réaliser un décompte très précis des cas de contamination, ainsi que des décès à l'hôpital et des décès en EHPAD, au service de la prise de décision publique.
S'agissant de l'absence de protection pour les professionnels de santé, nous agissons sur instruction du ministre. Notre agence s'est énormément mobilisée pour constituer les stocks stratégiques, dans une situation de tension internationale sur l'approvisionnement. Au départ, compte tenu de la doctrine en vigueur en janvier, nous n'avions pas de stocks pour les professionnels de santé. Nous avons constitué des stocks considérables dans des délais records, en mobilisant l'ensemble de nos équipes, sept jours sur sept, pour passer les commandes. La cellule de coordination interministérielle de logistique était chargée du sourcing au ministère de la santé, en identifiant les fournisseurs et les quantités, ce qui permettait au directeur général de la santé de rédiger la saisine. Ensuite, nous passions les commandes.
Pour ce qui est des documents relatifs aux commandes, nous les communiquerons, même si certains d'entre eux relèvent du secret des affaires. Nous sommes à votre disposition pour vous fournir les éléments dont vous avez besoin pour votre enquête.
Enfin, nous étions chargés de commander certains matériels, mais pas les respirateurs.