Monsieur Vallet, je souhaiterais d'abord vous interroger sur la question des masques. Combien de masques y avait-il à votre arrivée à la DGS puis lorsque vous avez quitté vos fonctions ? Quel était réellement l'état du stock ? C'est vous qui avez commandé à Santé Publique France une expertise sur l'état du stock de masques, dont les conclusions ont été rendues en septembre 2018, comme nous l'a indiqué hier M. François Bourdillon, qui en était à l'époque le directeur général. Qu'en avez-vous pensé ? Vous avez été cité dans un article de Gérard Davet et Fabrice Lhomme paru dans Le Monde du 3 mai 2020, lequel rapporte que, selon vous, une partie de ces masques aurait pu et dû être utilisée car rien ne l'interdisait formellement. Pouvez-vous dresser un état des lieux ?
Le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) avait défini en mai 2013 une nouvelle stratégie consistant à confier à chaque employeur le soin de déterminer l'opportunité de constituer des stocks tactiques, notamment de masques FFP2, afin de protéger son personnel. Cela traduisait un changement de doctrine assez fondamental. Comment l'avez-vous accompagné ? Le même article fait état de votre « obsession » d'avoir un milliard de masques en stock ; parallèlement, les réserves tactiques dont devaient disposer les établissements hospitaliers avaient vocation à être définies au plan local et dûment contrôlées.
Qui a, sur la base de cette nouvelle doctrine, a arrêté le nombre de masques FFP2 : vous-même, la DGS, les ARS, ou chaque centre hospitalier régional ? Qui le contrôle et l'évalue ? N'est-ce pas de nature à créer une difficulté en termes de gouvernance, dans la mesure où la stratégie nationale ne subsiste qu'en partie, puisqu'elle est partiellement déléguée à des opérateurs plus proches du terrain ? Cette question des masques est un enjeu essentiel : nous mesurons, et la presse l'a fait avant nous, le déficit que notre pays a connu en matière de protection des soignants, des professionnels libéraux et tout simplement de la population.