Intervention de Benoît Vallet

Réunion du jeudi 18 juin 2020 à 14h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Benoît Vallet, directeur général de la santé de 2013 à 2018 :

Je me suis rendu dans le Grand Est où j'ai rencontré les équipes de la direction territoriale de Strasbourg, et j'ai eu à deux reprises des échanges avec son directeur général. Par ailleurs, Martin Hirsch m'a demandé de faire un travail de lien avec Aurélien Rousseau, le directeur général de l'ARS Île-de-France. J'ai donc eu, durant cette période, l'expérience de deux agences régionales, mais sur des temps relativement brefs : je ne prétends pas décrire l'entièreté des organisations et leur réussite pendant la crise du covid‑19. Cependant, j'ai vu ici et là des expériences très intéressantes, en particulier dans le Grand Est où l'Agence Régionale de Santé a parfaitement su utiliser le groupement hospitalier de territoire. Certes, sur le papier, ce n'est pas encore une organisation optimale puisqu'elle est de taille et de composition variables. Reste que son rôle d'entité de coordination a été reconnu : chaque groupement hospitalier de territoire avait un directeur médical de crise – le plus souvent un anesthésiste ou un réanimateur – qui coordonnait l'effort pour les différents établissements sur les besoins en unités de lits de réanimation, sur l'usage de ventilateurs supplémentaires, sur le déplacement de ressources humaines capables de venir renforcer les équipes d'établissement à établissement. Un partenariat public-privé a même été engagé, qui a montré une solidarité très intéressante. J'ai donc vu, dans le cadre de la crise, une unité, au premier abord un peu administrative et dont le partenariat n'est pas très développé sur le plan médical, se renforcer de façon importante. Je suis certain que ces éléments perdureront après la crise.

L'organisation entre l'ARS Île-de-France et des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) a été faite en cohérence avec les filières gériatriques d'Île-de-France, chacune reprenant à son compte les EHPAD avec lesquels elle se constituait sur une entité territoriale et apportant un soutien tant en soins médicaux qu'infirmiers. Les filières ont été présentes du matin au soir et une permanence de nuit a été organisée soit pour la filière, soit pour l'ensemble de l'Île-de-France, installée dans le centre Picpus pour la nuit profonde et les week-ends.

Le pilotage d'une autorité administrative de santé a ensuite été mis en place avec les préfets pour ce qui touche principalement au dépistage, à l'identification des cas et à la sollicitation de services sociaux et complémentaires.

Je crois que la crise aura permis de mieux comprendre l'usage du système de santé et à beaucoup de médecins de se renforcer sur les enjeux de santé publique et de prévention. C'est un mérite important de cet épisode.

Vous m'avez interrogé sur l'élimination des produits dégradés. Évidemment, je ne peux pas parler de la période 2018-2019 puisque je n'étais pas présent à cette date. Le first in first out a une logique : un des objectifs du stock central de Vitry était de pouvoir faire un inventaire récurrent, d'enlever les produits dégradés et de faire une analyse d'échantillonnage rationnelle sur les produits présents. C'était à la fois une plateforme d'équipement, mais également un établissement pharmaceutique où les questions de péremption de produits étaient récurrentes, où le pharmacien responsable et le pharmacien adjoint faisaient ce travail. Le coût estimé de l'expertise de Centexbel est de l'ordre de 600 000 euros : la facture est assez substantielle… Mieux valait être dans les meilleures conditions possible pour que l'échantillonnage soit cohérent par rapport à ce qui était attendu.

Je n'ai pas eu d'échanges avec les médecins libéraux à Mulhouse. Martin Hirsch m'avait demandé, pour le compte de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), de me rendre dans le Grand Est où l'épidémie sévissait déjà alors qu'elle n'avait pas débuté de manière franche en l'Île-de-France, et de regarder les adaptations faites à Mulhouse et Colmar afin d'élaborer des hypothèses de travail et d'amélioration de la préparation du système de santé. J'ai eu des échanges avec un seul médecin généraliste de Strasbourg qui m'a fait part des besoins en équipements nécessaires.

Le dispositif d'organisation de la réponse du système de santé en cas de situation sanitaire exceptionnelle (ORSAN) issu de la loi de 2016 prévoit que les agences fassent travailler ensemble les professionnels de santé, y compris les unions régionales des professionnels de santé (URPS), pour préparer les situations sanitaires exceptionnelles. Ils ont des réunions et ils doivent se préparer ensemble pour affronter ces situations de crise. La logique est ramifiée : un système de santé fonctionne avec les personnes au plus près du terrain, ceux qui sont à la fois les sentinelles et les acteurs d'un système de santé totalement efficace.

J'ai rédigé un court rapport que je pourrai vous transmettre. Je l'avais d'abord adressé aux équipes de Mulhouse, de Colmar et de Strasbourg, qui l'avaient amendé ; puis je l'ai transmis à Martin Hirsch qui l'a envoyé à Aurélien Rousseau. On m'avait demandé de le donner au directeur général de la santé et à la directrice générale de l'offre de soins, ce que j'ai fait. Il a été transmis également à la conseillère santé de M. Macron. Je pense qu'il a dû aussi être envoyé à Matignon.

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