La doctrine sur les masques était celle exprimée par le HCSP. Son avis, qui n'a jusqu'à présent jamais été remis en cause, distinguait plusieurs types de masques en fonction des populations auxquelles ils s'adressaient. Les FFP2 étaient destinés aux soignants les plus exposés, en particulier ceux qui effectuent des investigations invasives, et aux personnes intervenant dans les filières animales, alors que les masques chirurgicaux l'étaient aux personnels en lien avec le public. Cet avis indiquait également qu'en période épidémique, le port du masque est recommandé dans les transports en commun et dans les lieux recevant du public.
À cette époque, la question de la doctrine ne se posait pas vraiment – certes, j'ai eu quelques crises à gérer, mais j'ai été un DGS en temps de paix. Le masque était alors considéré comme un élément clé de l'arsenal des mesures barrières contre les transmissions virales, dont on ne soulignera jamais assez l'importance. Il fallait toutefois qu'il soit mis et porté de manière adéquate pour être efficace, et accompagné de ces gestes que la crise aura au moins permis à la population de s'approprier, et qui valent pour toutes les épidémies de grippe auxquelles nous sommes régulièrement confrontés.
Le match OL-Juventus n'a pas entraîné un bond des cas détectés et des hospitalisations. Au moment du match, dont le maintien avait donné lieu à débat mais a été décidé, Turin ne faisait pas partie des zones atteintes par le coronavirus.
Le suivi de la qualité intrinsèque des masques et donc de leur caractère efficient – il faut qu'ils soient utiles au moment où on en a besoin – était confié aux pharmaciens de l'EPRUS. En tant que directeur général de la santé, je n'ai jamais reçu d'alerte concernant ces vérifications ni quant au fait que les stocks étaient inutilisables. Je n'ai pas formulé de demande spécifique sur le sujet, en partie parce que les acquisitions, réalisées entre 2009 et 2011, étaient relativement récentes.
Pendant la crise, nous tenions, tous les mercredis entre treize heures trente et quatorze heures trente, une réunion hebdomadaire avec l'ensemble des professionnels de santé libéraux – et pas uniquement les médecins de ville –, au niveau des ordres et des unions régionales des professionnels de santé (URPS). Nous faisions un point séquencé d'une heure, de façon à passer en revue les difficultés qui se présentaient à eux. Grâce au stock tampon que nous avions réussi à constituer en lien avec la préfecture, nous avons régulièrement affecté aux conseils de l'ordre des différents départements un certain nombre de masques pour essayer de les soulager. Ils pouvaient également s'approvisionner dans les pharmacies, livrées par les grossistes répartiteurs et, en l'espèce, par l'entreprise Geodis.