Je ne me souviens pas qu'il y ait eu à l'époque une réflexion particulière à ce sujet. La doctrine invitait à une utilisation restrictive du masque FFP2, réservé essentiellement aux personnels soignants à risque, effectuant des explorations et des prélèvements.
Concernant l'absence de stocks, une rupture est intervenue en 2018, lorsque la doctrine a été revue – Jérôme Salomon en a parlé – pour permettre une gestion plus dynamique des stocks, alors que nous disposions de 100 millions de masques. Le déstockage et la destruction ont été décidés au niveau national : c'est Santé publique France qui détermine la péremption et le caractère inutilisable des masques, et en tire les conséquences qui s'imposent ; c'est ensuite la direction générale de la santé qui est chargée de donner l'ordre de destruction, et de passer éventuellement commande de nouveaux masques. Les choses ont toujours fonctionné de cette manière.
Parmi les éléments à revoir, il faudra engager la mise à jour de l'ensemble des fichiers permettant d'identifier à la fois les professionnels de santé et les pharmacies – j'ai souvenir d'une pharmacie qui, n'étant pas sur la liste nationale, ne pouvait être approvisionnée par le circuit classique, et que nous avons aidée.
Les ARS ont vocation à déployer la politique nationale sur l'ensemble du territoire dont elles ont la charge, en l'adaptant aux réalités locales à l'aide du cadre d'orientation stratégique. À l'échelle de chaque département, les directeurs territoriaux (DT) travaillent en lien direct avec le directeur général de l'ARS pour mettre en œuvre la doctrine et organiser la politique de santé sur leur territoire ; ils sont aussi en relation avec les préfets et les élus. Tout l'enjeu pour nous est de pouvoir disposer de personnes de qualité. J'ai la chance, en Auvergne-Rhône-Alpes, que les DT de mon équipe aient été renforcés par les dispositions prises très récemment par le ministre, qui leur ont donné un statut, une rémunération et un cadre d'emploi spécifique, de façon que les personnes les mieux adaptées à la tâche soient recrutées.
Pendant la crise, en Auvergne-Rhône-Alpes, j'avais tous les matins à huit heures trente une réunion avec le préfet de région et le recteur de la région académique, ainsi que leurs équipes. Dans chaque département, chaque DT avait aussi pour consigne de faire un point tous les matins avec son préfet de département. Le temps passé à échanger de cette manière a permis de mettre en œuvre une approche très intégrée, et cette interministérialité de terrain a été une vraie réussite. Une coordination très efficace s'est développée sous l'autorité des préfets ; c'est ainsi que s'est faite l'action de l'État dans les territoires, en lien avec les ARS pour le secteur santé.
Les ARS ont beaucoup de pouvoir, des moyens et des possibilités d'action. Il faut revoir un certain nombre de choses, mais à mon sens il ne faut pas moins d'ARS ; il en faut même davantage.