Le comité d'urgence de l'OMS est, non pas un comité permanent, mais un instrument qui s'inscrit dans le cadre du Règlement sanitaire international. Il est convoqué par le directeur général de l'OMS quand ce dernier a besoin d'une réponse à la question suivante : ce qui est en train de se passer est-il une urgence de santé publique de portée internationale ? Une réponse positive ouvre des droits et devoirs aux États membres et à l'OMS. Or la convocation du directeur général – j'ai reçu son appel le dimanche 19 janvier – était une convocation précoce, comparativement à ce qui s'est passé pour les virus Ebola ou H1N1. L'OMS a donc fait preuve de célérité. Au point que la première réunion du comité d'urgence, les 22 et 23 janvier, a abouti à un avis très partagé, au motif que seuls quatre cas avaient été recensés à l'étranger. Ce comité fonctionne par consensus. J'ai donc invité le directeur général à nous reconvoquer quelques jours plus tard, si la situation le nécessitait. Ce qu'il a fait. Nous avons été convoqués le 30 janvier, la situation ayant évolué : de 400 cas en Chine, nous étions passés à plusieurs milliers et à près de 80 cas à l'étranger – sans décès. Ce jour-là, l'OMS a déclaré que la situation était une urgence de santé publique de portée internationale. Tous les pays auraient alors dû poser le crayon et ne s'occuper que de gérer l'urgence.
Quelle décision a été prise le 30 janvier au soir, en France ? Je ne puis répondre, car je n'ai plus de fonction au niveau national, mais il est important d'analyser ce qui s'est passé en février et en mars dernier. Quelles décisions ont été prises ? Quels plans ont été activés ?
Monsieur le rapporteur, vous avez ensuite évoqué la coordination au niveau national. Un pays qui n'est pas préparé à une telle crise est obligé d'improviser. Parfois avec génie, et des décisions intéressantes ont dû être prises, mais parfois aussi des actes sont pris entraînant plus de difficulté que davantages.
J'ai été supris par la création des deux conseils scientifiques, ainsi que par le fait qu'un centre de gestion de crise unique ne soit pas instauré, comme cela était prévu dans le plan Pandémie grippale, plan qui avait le mérite d'exister – il n'a été mis en place qu'au début du mois de juin. Tout cela résulte d'un défaut de préparation, de répétition d'exercices réunissant à la même table les ministères de la santé, de l'intérieur, des affaires étrangères…
S'agissant du niveau local, je ne pas puis que vous livrer mon avis personnel. En France, d'une façon générale, en cas de crise grave, le préfet doit être aux manettes. D'une part, parce qu'il s'agit d'un acteur interministériel et, d'autre part, parce que le ministère de l'intérieur n'est pas toujours désireux de piloter une crise sanitaire, une question extrêmement technique pour laquelle l'expertise en matière d'analyse du risque est très importante.