Intervention de Didier Houssin

Réunion du mercredi 24 juin 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Didier Houssin, ancien directeur général de la santé :

En 2010, nous avions affaire à deux types de masques. D'une part, le masque chirurgical qui, à l'époque, n'avait pas de date de péremption, pour une raison évidente, c'est qu'il n'était pas destiné à être stocké. La question du renouvellement du stock ne se posait donc pas.

D'autre part, le masque FFP2. Il s'agit, non pas d'un dispositif médical, mais d'un équipement de protection individuelle qui relève de la réglementation du travail et qui est censé avoir une capacité de filtration vers le porteur. Lorsque nous avions incité à la création d'une industrie de ce type de masques en France, des chaînes avaient été montées pour les produire. Les producteurs nous avaient alors dit que le délai de péremption était de trois ans. Mais après des tests de filtration et des études menées par l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS), le délai de péremption a été porté à cinq ans. De fait, les masques produits en 2005 arrivaient à péremption. Il était donc logique de les détruire, il n'était pas question que les professionnels de santé travaillent avec des masques qui avaient perdu leur capacité de filtration.

Je ne me souviens pas de cette circulaire, mais il est tout à fait possible que nous ayons enclenché un mécanisme de remplacement des masques FFP2 les plus anciens. Mais en aucun cas, je n'ai décidé de les supprimer.

Par ailleurs, s'agissant du positionnement des stocks en zones de défense, je ne me souviens pas si cette décision a été prise avant ou après la création de l'EPRUS. Quant aux exercices, je ne sais pas s'ils ont perduré après 2011.

Je ne reviendrai pas sur la question des normes et des dates de péremption, car je ne me suis pas tenu au courant de l'évolution de la réglementation, après 2011. Mais il n'y a aucune raison de douter des informations de M. Vallet. Je ne reviendrai pas non plus sur les achats, car, je vous l'ai dit, ils nécessitent un budget sanctuarisé dans le cadre d'un plan de préparation.

À la question de savoir si nous étions prêts, je répondrai « non, nous ne l'étions pas ». Comment prétendre être prêts à faire face à un événement dont nous ne connaissons pas les caractéristiques ? Il est cependant indispensable de s'inscrire dans une dynamique de préparation. Je ne suis plus en fonction depuis près de dix ans, je ne me permettrai donc pas de donner des conseils, les temps ont changé, il convient de faire preuve d'innovation. Ce qui n'a pas changé, en revanche, c'est qu'une volonté politique forte est nécessaire. Comme celle du président Chirac, en 2005, lorsqu'il a déclaré : « S'agissant des dépenses pour la préparation à une pandémie grippale, c'est no limit » Je n'ai, pour ma part, fait qu'accompagner une décision politique.

Enfin, s'agissant de la gouvernance, effectivement, je suis étonné que nous ne nous soyons pas appuyés délibérément sur des structures existantes qui ont fait leurs preuves : Santé publique France et le Haut conseil de santé publique.

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