Intervention de Didier Houssin

Réunion du mercredi 24 juin 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Didier Houssin, ancien directeur général de la santé :

Je suis fier que vous soyez fier de la création de l'EPRUS ! C'est effectivement un véritable acquis en matière de santé.

Nous avions été amenés à commander des respirateurs. Il s'agit de produits fragiles qui doivent fonctionner ; ils ne peuvent être simplement stockés en attente d'être utilisés. Nous en avions également acheté lors de la pandémie grippale H1N1, durant l'été 2009. En revanche, je ne sais pas si, pour la crise que nous traversons, nous avons rencontré des difficultés liées à un manque de respirateurs.

Concernant le covid-19, une équipe de recherche allemande a démontré que ce virus a la capacité préoccupante d'être excrété par le malade dans les 48 heures qui précèdent l'apparition des symptômes. C'est la raison pour laquelle, l'interdiction de regroupements de personnes est une question difficile à gérer.

En tant qu'ancien président du Comité consultatif national d'éthique, Jean-François Delfraissy a une appétence particulière pour les questions éthiques, qui sont très importantes dans la gestion d'une telle crise. Sa nomination au conseil scientifique a donc été bénéfique.

Concernant la souveraineté française, il s'agit de l'une des raisons pour lesquelles il avait été décidé de produire des masques en France. De même, pour la fabrication des vaccins, ce sont des producteurs français qui avaient été sélectionnés. Nous le savons, les États peuvent prendre la décision de bloquer ses sites de production, comme cela s'est passé en Inde.

S'agissant du mois qui sépare les signalements de la Chine et de Taïwan et la décision du 30 janvier, nous ne pouvions pas, raisonnablement diagnostiquer, dès les premières informations, qu'il s'agissait d'un coronavirus et déclarer une urgence de santé publique de portée internationale. L'histoire nous a montré que la déclaration d'une telle urgence intervient, en général, après des événements beaucoup plus développés. Je ne considère pas que le directeur général de l'OMS a mis trop de temps pour prendre sa décision. Je pense même qu'il a été rapide.

Par ailleurs, non, je n'ai eu aucun échange avec les autorités françaises, mon rôle d'expert se limitant à l'OMS. Depuis 2011, j'ai coupé les ponts avec les décisionnaires français. Je dois avouer que je suis même étonné que personne, depuis dix ans, ne m'ait demandé de partager mon expérience de délégué interministériel.

Concernant Taïwan, la question, pour le directeur général de l'OMS, est délicate étant donné les relations que ce pays entretient avec l'OMS et la Chine.

Enfin, madame Auconie, pour la grippe aviaire, nous étions face à une menace de pandémie. L'OMS avait rapidement conseillé aux pays de se préparer et, heureusement, la France avait suivi ses instructions. Mais nous avons bénéficié de temps pour nous préparer. Contrairement au covid-19 pour laquelle nous n'étions pas bien préparés. Ce qui veut dire, et je le répète, que si nous voulons être efficaces face à ce type de virus, nous devons nous préparer en permanence. Cela suppose une persistance, une ténacité, y compris en matière de volonté politique. Je ne sais pas comment font les militaires, mais comme eux, nous ne devrions jamais nous arrêter de nous préparer.

Par ailleurs, j'avais en effet participé à la réorganisation territoriale de l'État, avec la création et la coordination des ARS. Et en effet, la question de la lutte contre les inégalités territoriales et sociales en matière de santé et la nécessité d'instaurer des mécanismes de compensation s'était posée.

Il est vrai que pour cette pandémie, nous avons été confrontés à une inégalité territoriale extraordinaire. Pourquoi s'est-elle concentrée sur le nord-est de la France ? Il n'est pas facile de gérer une inégalité dans un tel contexte. Des initiatives heureuses ont été prises, notamment de transférer des patients dans d'autres régions et vers l'Allemagne. C'est un petit exploit qui a été réalisé.

Enfin, il n'y en avait pas de date de péremption entre 2005 et 2011, pour les masques chirurgicaux.

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