Intervention de Didier Houssin

Réunion du mercredi 24 juin 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Didier Houssin, ancien directeur général de la santé :

Le « bien porté » concerne essentiellement le masque FFP2. Or il est porté par des professionnels qui sont formés à son usage. Le port du masque chirurgical doit essentiellement couvrir la bouche et le nez. Alors, il est vrai que nous avons tous vu des personnes le remonter sur la tête ou le mettre sous le menton. Mais dans le métro, je dois dire que la grande majorité des personnes le porte bien.

En ce qui concerne la réserve sanitaire, j'ai lu les bulletins de Santé publique France qui mentionnent le nombre de personnes mobilisées et les actions qu'elles doivent mener, mais je ne suis pas en mesure de porter un jugement. J'ai lu, par exemple, qu'une réserve allait être constituée pour la Guyane, ce qui me semble une très bonne idée.

S'agissant de la nécessité d'apprendre des épisodes précédents, je ne peux qu'évoquer la période durant laquelle j'étais en fonction. Je puis vous indiquer que, jusqu'en 2011, il n'y avait pas de problème budgétaire pour l'acquisition de masques.

Concernant la doctrine de 2013, j'ai l'impression que, petit à petit, l'intérêt du masque FFP2 a été dévalorisé. Considérer qu'il est réservé aux professionnels de santé qui ne s'en servent que pour des actes très invasifs me paraît excessif ; notamment lorsque nous avons affaire à un virus qui s'excrète avant les symptômes. Nous devons avoir, vis-à-vis des professionnels de santé, une approche beaucoup plus active et mettre à leur disposition, de façon plus systématique, des masques FFP2. C'est la raison pour laquelle, j'estime que l'État a la responsabilité d'acquérir ces masques.

En outre, il n'est pas réaliste de considérer qu'un établissement de santé ou un établissement médicosocial soit capable de gérer, dans la durée, des produits comme les masques FFP2 en quantité importante. Si je devais vous faire une proposition ce serait celle-ci : laisser la responsabilité à l'État de constituer des stocks de masques chirurgicaux et FFP2, et de calculer les besoins.

Il en va de même pour les médicaments. Dans le cadre de la préparation à la pandémie grippale, j'avais discuté avec Jean Marimbert, alors directeur de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, de ma crainte d'être en manque de médicaments en cas de crise grave. Nous avions, à l'époque, dressé une liste des médicaments essentiels. Il me semble nécessaire, à partir de cette liste – qui doit être actualisée, si cela n'a pas été fait –, d'identifier les productions et de les sécuriser.

Enfin, je n'ai pas été choqué par la création de Santé publique France. En revanche, rétrospectivement, je pense que l'EPRUS a manqué de visibilité et a été soumis à un double rabot budgétaire.

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