Je crois qu'on a évolué et que le ministre des solidarités et de la santé a fini par comprendre qu'il fallait tester massivement, même si cela arrive un peu à contretemps. Je répète que pour comprendre la maladie, il faut en faire le diagnostic. Je vais vous donner un exemple qui m'a beaucoup frappé. Un monsieur chinois de 80 ans qui arrivait du Hubei s'est présenté à la Pitié Salpêtrière avec de la fièvre : il n'a pas été testé, parce que Santé publique France avait dit qu'il ne fallait tester que les gens arrivant de Wuhan, qui avaient de la fièvre et de la toux. Il est rentré chez lui et il est revenu sept jours plus tard, après avoir contaminé sa fille, pour mourir à l'hôpital, où on lui a donné du remdesivir. Voilà comment les choses se sont passées !
Il y a une forme d'arrogance à prévoir comment vont se présenter les personnes atteintes d'une maladie qu'on ne connaît pas. Et on a justifié cette attitude en disant qu'on ne pouvait pas faire de tests. Je reçois des milliers de prélèvements du monde entier, de la Mayo Clinic, du Massachusetts General Hospital, pour des PCR et au début de la crise, on m'a empêché d'en faire pour le diagnostic du Covid-19 en France !
Il faut faire la part des responsabilités humaines et celle des problèmes structurels. Si l'on maintient ce système fondé sur de petits centres nationaux de référence, on va développer des personnalités de blaireaux dans leur terrier qui mordent si on s'en approche. Les humains sont attachés à leur territoire et si l'un d'eux pense qu'une maladie est son territoire, on est perdu. Croyez-en mon expérience : créer, dans la République, des territoires pour des problèmes généraux, c'est aller au-devant de difficultés considérables.