C'est difficile à dire… Dans une étude qui vient de sortir à Paris et pour laquelle nous avons fait un calcul grossier sur 4 500 personnes, dont 600 avaient pris du Plaquenil, on constate une différence de mortalité de 20 %, soit 150 personnes. Ce travail est en ligne : tout le monde peut le consulter. Parmi les auteurs de l'article, beaucoup avaient d'abord été critiques à mon égard, mais la vie est malicieuse… Deux éléments me semblent inquiétants dans cette étude. D'abord, la proportion de personnes de moins de 65 ans qui sont mortes à Paris est de 17 %, contre 10 % en Europe : c'est qu'il s'est passé quelque chose ici dans la prise en charge. Par ailleurs, la mortalité dans les services de réanimation est montée à 43 % à Paris, contre 16 % chez nous. Pourtant, ce sont les mêmes malades…
Pour moi, il y a eu deux problèmes majeurs, en dehors des phénomènes structuraux.
Premièrement, on a fait le choix de placer le soin au second plan et on est allé jusqu'à interdire l'usage de médicaments génériques qui avaient été distribués à des milliards de comprimés. Je rappelle qu'on a distribué 36 millions de comprimés d'hydroxychloroquine en 2019 sans ordonnance et, d'un coup, on a décidé qu'il ne fallait plus l'utiliser. Celui qui a aidé à prendre cette décision a commis une faute. Maintenant, on interdit même l'azithromycine pour traiter les pneumopathies suspectes de covid, alors que c'est le médicament le plus utilisé contre les pneumopathies. Aux États-Unis, chaque année, une personne sur huit prend de l' a zithromycine, et on veut faire passer ce médicament pour un poison violent ! Vous savez, si vous doublez la dose maximale de Doliprane, vous mourez. Les médicaments deviennent dangereux si on ne les prend pas à des doses normales.
Moi, j'utilise le Plaquenil depuis vingt-cinq ans pour les maladies dont je suis le spécialiste : je le prescris pour deux ans, à 600 milligrammes par jour, en faisant des dosages tous les mois. Ce sont des choses qu'on maîtrise. Le papier paru dans le Lancet parlait de 10 % de morts. C'est impossible, puisque nous avions déjà traité deux fois 3 000 personnes avec ce médicament : je ne peux pas avoir laissé passer 600 morts sans m'en apercevoir. Je sais combien de personnes passées par l'IHU sont mortes : elles sont au nombre de 36 et je sais de quoi elles sont mortes. Ce débat a pris un tour déraisonnable.
Deuxièmement, c'est aux docteurs, et non à l'État, de soigner les malades. Au moment de la grippe H1N1, déjà, on a fait vacciner les gens dans des stades ; moi, je disais que c'était aux médecins généralistes de le faire. On a pris du retard dans la vaccination antigrippale à cause de ça. Je ne suis pas favorable à ce que l'État prenne en charge, à la place des médecins, des tâches qui relèvent du soin usuel et qu'il leur interdise de faire des choses tout à fait banales. Je vous le dis très officiellement : je suis surpris que l'ordre des médecins ait accepté une chose pareille et que son président n'ait pas démissionné immédiatement, car la responsabilité des médecins est de faire pour le mieux dans l'état de leurs connaissances. D'ailleurs, quand des médecins ont commencé, sur la base de nos résultats, à utiliser ce traitement dans le soin courant, je me suis assuré auprès du directeur général de la santé qu'ils avaient bien compris les choses de la même manière que moi – j'ai conservé ce mail. Les médecins doivent faire pour le mieux pour leurs malades, en leur âme et conscience, compte tenu de l'état des connaissances. Les priver de cela, je ne sais même pas si c'est constitutionnel : ce serait à vous de me le dire !