Intervention de Didier Raoult

Réunion du mercredi 24 juin 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Didier Raoult, directeur de l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection :

Nous avons commencé à publier en ligne nos réflexions et nos cours bien avant l'épidémie ; le coronavirus a simplement amplifié le phénomène. Une fois par semaine, nous nous exprimons directement sur ce que nous savons ou croyons savoir, car les médias déforment la connaissance. L'un des jeudis thématiques de l'IHU, très précisément deux mois avant le début de l'épidémie, était consacré à la méthode : quelles sont les méthodes d'analyse, qu'est-ce que l'historique de la méthode ? C'est de l'épistémologie. Vous pouvez toujours le visionner sur le site : cela s'appelle « Contre la méthode ».

Le rite de la randomisation des grands essais thérapeutiques multicentriques est un phénomène extrêmement récent dans la science. Moins de 5 % des traitements des maladies infectieuses sont fondés sur des essais randomisés en double aveugle. Je ne me laisse pas impressionner par le fait que cela soit devenu la doxa. Les essais randomisés sont plutôt moins performants que les essais comparatifs historiques. Il est intéressant que cette critique ne s'applique qu'à moi, alors qu'il n'y a aucun essai randomisé en France !

La randomisation est un standard très associé à l'industrie pharmaceutique, qui ne me convainc pas. Nous avons donc fait un essai comparatif sur les gens de Nice et ceux de Marseille, avec une mesure très claire et simple : la persistance, ou non, du virus dans les prélèvements. Nous avons donné de l'hydroxychloroquine à un groupe et pas à l'autre et nous avons regardé dans quel groupe le virus disparaissait en premier. Il se trouve qu'un troisième groupe est venu se greffer aux deux premiers : celui des cas les plus graves, que nous traitons comme les affections virales sévères, en ajoutant de l'azithromycine à l'hydroxychloroquine. Nous nous sommes rendu compte qu'avec ce double traitement, la quantité de virus diminuait beaucoup plus rapidement.

Nous avons alors fait des tests statistiques simples et publié les résultats : cela a déchaîné un flot de réactions que je n'imaginais pas ! Si quelqu'un avait eu un doute scientifique après ce premier papier, il fallait refaire l'étude : or personne ne l'a fait. J'ai même été sidéré par une première étude faite en France, publiée dans le British medical journal. Elle comportait un groupe de seize personnes sous hydroxychloroquine et azithromycine, dans lequel on n'a compté aucun mort. Mais les auteurs ont refusé de faire le test de base de significativité pour montrer que ce groupe réagissait différemment des autres groupes – c'était le cas, mais ils ne l'ont pas publié. Je n'en connais pas la raison – j'ai une opinion mais je ne vous la dirai pas. Les méthodologistes ont prétexté qu'ils n'ont pas le droit d'analyser des choses qu'ils n'ont pas décidé d'analyser avant de commencer, même si c'est significatif. Vous comprenez pourquoi on ne peut pas s'entendre : c'est le principe inverse de la découverte !

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