J'ai appelé le ministre, qui m'a confirmé que dans son arrêté, l'hydroxychloroquine était destinée « notamment » aux formes les plus graves : cette subtilité a pu échapper à ceux qui n'ont pas fait l'exégèse des textes. J'ai donc pu continuer à traiter les formes les moins graves.
Quand j'ai commencé à discuter avec le ministère, on m'a tout de suite dit que Yazdan Yazdanpanah gérerait les essais. Or, dès le début, celui-ci n'a parlé que du remdesivir, avant même que sa sensibilité au virus soit testée. Le targocid, un antibiotique injectable, avait été testé sur le SARS et avait donné de bons résultats : des solutions alternatives existaient.
Je suis très sceptique sur la qualité de l'environnement du ministre pour les médicaments et pour les choix thérapeutiques. L'ancien directeur de l'ANSM et l'ancien président de la HAS, et je suis d'accord avec eux, ont exprimé publiquement leur désaccord avec leurs successeurs. Le problème d'un ministre, c'est qu'il ne reste pas très longtemps : il faut donc être extrêmement attentif à la qualité des directeurs qui constituent sa garde prétorienne. Si ces derniers n'érigent pas un mur entre le ministre et le flot permanent d'informations alarmantes, si personne ne traite les données de manière efficace et sérieuse, alors le ministre est exposé d'une manière insupportable. Il ne doit pas être submergé de nouvelles inquiétantes, surtout lorsqu'elles ne sont pas avérées. Ainsi, l'affirmation selon laquelle le traitement à l'hydroxychloroquine provoquait des morts était erronée, mais elle a été transmise directement au ministre de la santé, qui était affolé par ce flux d'informations. Même si le ministre écoute ce que je lui dis, il a d'autres sources d'information. Si les conseils de proximité sont faits par des gens qui n'ont pas les nerfs ou qui n'ont pas la compétence, cela pose un véritable problème.