Intervention de Didier Raoult

Réunion du mercredi 24 juin 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Didier Raoult, directeur de l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection :

De mon point de vue, il y a des hommes qui n'étaient pas à leur place mais il est nécessaire de prendre en compte des phénomènes structurels. Il faudra bien que l'on se rende compte de l'importance de faire de la recherche avec les médecins au sein des hôpitaux.

Concernant les essais, je vous renvoie une fois encore à mon rapport de 2003. Pendant un siècle et demi, les progrès ont été uniquement fondés sur l'innovation, qui supposait qu'on n'utilise les molécules que pendant une vingtaine d'années. Au XXIe siècle, très peu de médicaments nouveaux ont permis un changement thérapeutique, ils concernent essentiellement le traitement du cancer et les hépatites C ; le reste est marginal. Pourtant l'industrie pharmaceutique n'a jamais été aussi florissante. Nous sommes à un tournant. Se pose la question du repositionnement des molécules, qui ont 60, 70, 100 ans, qui peuvent être utilisées pour d'autres pathologies, et la question du financement de ces études. L'État a pris l'habitude de laisser ceux qui développent une nouvelle technologie payer pour la mettre en place. Aucun financement n'est prévu pour financer les recherches thérapeutiques portant sur les molécules génériquées, ne faisant plus l'objet de profits, alors qu'elles sont éternelles. Les antibiotiques, molécules de trois milliards d'années, ne sont connus que ce pour quoi ils ont été testés alors qu'ils sont multifonctionnels – certains servent, par exemple, d'anticancéreux ou d'antiviraux. Il faut trouver un modèle économique pour porter ces travaux, qu'il passe par le monopole d'exploitation ou par le financement public. On ne peut pas laisser à l'abandon les recherches sur le repositionnement, d'autant que les molécules anciennes offrent un avantage de taille : leur toxicité est déjà connue. Nous savons, par exemple, que l'hydroxychloroquine est bien moins toxique que le remdesivir qui provoque des insuffisances rénales. Quand des molécules ont été prescrites des milliards de fois, leur sécurité est établie de manière fine alors que pour celles qui n'ont été testées que sur mille ou deux mille personnes, on ne peut cerner que les problèmes apparaissant dix ou vingt fois sur cent et non une fois sur mille ou dix mille. Les effets secondaires sont moins bien pris en compte.

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