. Nous allons publier dans les jours qui viennent un énorme article, qui est le plus complet au monde sur cette maladie : cent personnes ont été mobilisées pour rassembler des données particulièrement denses concernant 3 700 patients. Pour les patients à qui nous avons prescrit ce traitement, dont l'efficacité était évaluée sur trois jours – ce qui est traditionnel pour les pneumonies –, la mortalité a été de 0,5 % et la durée d'hospitalisation et le taux de passage en réanimation ont été moindres que pour les patients qui ne l'avaient pas reçu ou qui avaient eu un traitement différent – même si nous faisons des recommandations, les médecins restent libres de leurs prescriptions à titre individuel. Je ne vois donc pourquoi nous en changerions.
Pour éviter tout problème, nous avons fait systématiquement des électrocardiogrammes, qui ont tous été analysés par un professeur de cardiologie de Marseille spécialiste du rythme et son équipe. Nous avons dû arrêter le traitement dans six cas pour lesquels un allongement de l'intervalle QT a été constaté – réaction souvent observée chez les patients très âgés et souffrant de polypathologies. Nous avons aussi procédé à une mesure de la kaliémie car une concentration basse de potassium favorise ce type de risque. Nous avons même effectué nous-mêmes des dosages de potassium pour en disposer rapidement pour les patients en hôpital de jour et les patients hospitalisés, au nombre de 730, ont été iso – puis anticoagulés. Presque tous les patients hospitalisés et beaucoup de patients en hôpital de jour ont bénéficié de scanners à faible dose, qui auraient dû remplacer depuis très longtemps les téléthorax – la France souffre d'un manque catastrophique d'équipements radiologiques par rapport aux autres pays de l'OCDE. Parmi les 2 400 examens pratiqués grâce à la mobilisation jour et nuit des radiologues, certains ont révélé des lésions pulmonaires chez des patients asymptomatiques. Cela nous a amenés à vérifier leur saturation en oxygène. Ceux qui nous semblaient exposés à un danger ont été hospitalisés et ceux qui sont rentrés chez eux ont été suivis.
Quant à l'IHU, il a mis longtemps à émerger car la création de toute structure nouvelle se heurte à des obstacles. Il n'y avait pas eu de centre de recherche en maladies infectieuses depuis l'Institut Pasteur et nous avons été confrontés à des oppositions à toutes les étapes de sa construction. Si cet institut n'apparaît pas comme une lubie de Didier Raoult mais comme un exemple à suivre, je pourrai considérer que j'ai fait mon devoir.
Il s'est vraiment passé quelque chose d'extraordinaire. Le personnel entier s'est senti investi d'une mission dont il a tiré fierté. Les personnels du CHU de Marseille, beaucoup critiqué ces dernières années, ont été revalorisés. Il n'y a pratiquement pas eu d'absentéisme. L'IHU s'est vu offrir tous les jours des repas gratuits pour tout le personnel, du vin. J'ai également reçu des tableaux…