Intervention de Didier Raoult

Réunion du mercredi 24 juin 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Didier Raoult, directeur de l'institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection :

Je ne suis pas d'accord avec vous. Quand on s'aperçoit, à mi-chemin d'un essai thérapeutique, que quelque chose marche, que les choses deviennent significatives, on doit l'arrêter. C'est une question d'éthique, pas de méthodologie. Je suis désolé que vous n'aimiez pas mon essai. Moi, je l'aime beaucoup et je trouve que c'est la seule manière de faire des essais : faire des essais comparatifs et noter une différence significative. Par ailleurs, je pense que vous faites une erreur majeure : moins il y a de gens, et plus un écart est significatif. Si vous êtes obligé d'avoir 10 000 personnes dans un essai pour prouver que quelque chose est significatif, c'est qu'il n'y a aucune différence. Sachant que 15 % des gens ne prennent pas les médicaments qu'on leur prescrit, quand vous cherchez un écart de 1 %, vous n'êtes plus dans la médecine mais dans le fantasme méthodologique. Tout essai qui comporte plus de 1 000 personnes cherche à démontrer quelque chose qui n'existe pas : c'est la base de la statistique. Je vous assure que je suis un très bon méthodologiste. Des gens qui ne comprennent rien à la science colportent ce fantasme, mais la méthodologie n'est pas la science : c'est un outil de la science. Ne venez pas me dire que mes essais ne sont pas bons. Je suis un grand scientifique, je sais ce qu'est un essai, et je peux vous dire qu'une dizaine des traitements que j'ai inventés figure dans tous les livres médicaux de référence. Et celui-ci y sera aussi !

Dans le domaine des maladies infectieuses, bien peu de thérapeutiques ont été basées sur des essais randomisés. Et ceux qui ont été réalisés, en particulier sur le sida, étaient inutiles, car il suffisait de mesurer l'évolution de la charge virale. Les essais randomisés ne font pas l'unanimité et ils disparaîtront, comme ils sont apparus, d'ici une vingtaine d'années : on trouve autant de gens pour que de gens contre. Du reste, tous les gens qui ont critiqué mon travail n'ont publié que des essais comparatifs non randomisés. Il n'y a pas eu un essai français comparatif randomisé. Aucun essai français, enfin, n'a isolé une stratégie thérapeutique comme nous l'avons fait. Alors ne mettons pas les choses à l'envers. J'étais un grand scientifique et je le reste après cette publication.

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