Vous nous avez dit à plusieurs reprises que vous étiez partie avec le sentiment d'avoir bien préparé notre système de santé à affronter cette crise. Au fond, cette préparation, c'est votre responsabilité dès le premier jour de votre prise de fonction comme ministre de la santé. Vous nous avez également dit que vous vous projetiez toujours dans le risque le plus grave et donc, j'imagine, dans la préparation la plus complète à la gestion d'une crise, qu'elle soit sanitaire, nucléaire ou qu'il s'agisse d'un attentat. Ayant signé un contrat d'objectifs et de performance avec Santé publique France, vous en tirez la conclusion qu'il appartient à cette agence, et non au ministère de la santé, de déterminer le volume nécessaire de stocks stratégiques.
Or, de façon un peu contradictoire, vous avez dit assumer les décisions prises par votre directeur général de la santé de détruire 600 millions de masques périmés et de ne reconstituer le stock qu'à hauteur de 50 millions plus 50 millions. Je voudrais savoir qui a véritablement cette compétence. Dans un courrier du 26 septembre 2018, M. Bourdillon, répondant à une sollicitation du directeur général de la santé, conclut sur l'état des stocks : « Dans ces conditions, il est important qu'une doctrine soit rapidement établie par vos services pour que les éventuelles acquisitions de produits de santé soient mises en œuvre afin de disposer d'un stock avant le deuxième semestre 2019. » Or le rapport du professeur Stahl préconise un stock de 1 milliard de masques chirurgicaux. Vous avez dit assumer la décision de votre DGS : est-ce qu'elle vous paraissait être la bonne ? Considérez-vous, au commencement de la crise, que 117 millions de masques chirurgicaux constituent le bon niveau de stock pour affronter la pandémie à venir ? Pensez-vous qu'il était inutile de reconstituer les stocks stratégiques, alors que cela était demandé dès 2018 ? Il me paraît quand même y avoir une zone d'ombre : même si tout ne remonte pas à la ministre, j'en conviens, beaucoup de choses remontent à son cabinet.
Je voudrais conclure par une simple question : qui fait quoi ? Vous avez autorité sur Santé publique France et sur le DGS, vous les réunissez régulièrement. Le DGS a quasi-statut de collaborateur de cabinet dans la nouvelle organisation de la République ; c'est pour cela que vous le voyez aussi souvent. Enfin, pourquoi Santé publique France est-elle restée sans président entre juin 2019 et décembre 2019 ? La nouvelle présidente avait peu d'expérience de ces fonctions au moment où la crise s'est déclenchée.