À la suite de l'audition de M. Bourdillon, j'ai fait sortir des archives la totalité des courriers et des notes qui m'ont été envoyés ainsi qu'à mon cabinet. Il n'y a rien. Les courriers que j'ai retrouvés concernent les agénésies transverses des membres supérieurs, le plan « Priorité prévention », etc. Vous savez que nous avons toujours mis l'accent sur la prévention, qui me tient particulièrement à cœur, notamment dans le domaine de la vaccination et du tabac. J'avais même accédé à la demande de certains députés d'ajouter un chapitre dédié au financement de la prévention dans le PLFSS.
Je le répète, Santé publique France ne m'a pas fait de remontées à ce sujet. J'ai aussi examiné le dossier qui m'avait été préparé à mon arrivée au ministère : il ne contient aucune alerte particulière. Dans mon esprit, il y avait une agence en charge de ces questions, l'EPRUS, que je connaissais pour avoir travaillé avec elle auparavant : c'était sa mission et je n'avais pas à émettre de doutes à son propos. Cet établissement a été ensuite intégré à Santé publique France et le contrat d'objectifs et de performance (COP) permettait de vérifier que les orientations étaient bien données, notamment en matière de gestion des stocks.
Y a-t-il eu des lenteurs ? Il faudra regarder point par point où il aurait été possible d'aller plus vite, et c'est l'objet de votre mission.
Une quinzaine de jours se sont écoulés entre le moment où l'Institut Pasteur a mis au point son test et le moment où tous les hôpitaux accueillant les malades ont pu se l'approprier. La France était alors toujours au stade 1 de l'épidémie : les premiers cas ont été identifiés sur le territoire national le 24 janvier. Le virus ne circulait pas de manière active. Il s'agissait pour moi de faire des dépistages précoces des malades orientés par les services du 15 afin de circonscrire des clusters. Force est de constater que cela a fonctionné. Aux Contamines-Montjoie, nous avons été en mesure de tester les 200 enfants, leurs familles et les autres cas contacts et de les placer en quarantaine. De la même façon, les 200 Français rapatriés de Wuhan ont tous été testés dès le lendemain de leur arrivée, le 1er février, et il en a été de même pour les 280 personnes arrivées par un second vol juste après, mises en quarantaine à Aix-en-Provence. La doctrine consistait à identifier les cas et les personnes contacts. Je suis partie avant que le virus ne circule dans toute la population, à une période où les tests sont effectués dans les hôpitaux.
S'agissant de l'organisation des agences, nous avons tous envie de la questionner. Apprendre en octobre 2018 qu'une très grande quantité de produits est périmée et qu'il faut reconstituer les stocks d'État – je n'ai pas envie de donner des précisions – suscite des interrogations sur la façon dont tout cela a été contrôlé.