Intervention de Agnès Buzyn

Réunion du mardi 30 juin 2020 à 17h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Agnès Buzyn, ancienne ministre des solidarités et de la santé :

Les EHPAD ont été pris en considération, au même titre que les autres établissements de santé. Vous avez procédé à une contraction du temps et j'aimerais revenir sur les dates. Le 1er janvier, l'OMS a lancé sa première notification officielle – j'ai moi-même été informée cinq jours avant – mais ce n'est que plus tard, à la fin du mois de janvier, que nous avons su que le covid-19 touchait davantage et plus sévèrement les personnes âgées et celles présentant des comorbidités. Le jour où l'OMS notifie 29 cas en Chine, on ne sait pas si la maladie va toucher davantage les enfants, les adultes, les diabétiques ou les personnes âgées. Ce n'est que lorsqu'il y a eu davantage de morts et de cas graves que les autorités chinoises ont pu faire des analyses et nous donner des informations qui nous ont permis d'affiner notre connaissance de la maladie et de savoir que les gens sont contagieux avant d'être malades, que les diabétiques sont plus touchés et que la mortalité est plus élevée chez les patients âgés. Rappelons que le premier mort en Chine remonte au 11 janvier 2020 et que le 21 janvier, au moment de ma conférence de presse, ce pays ne comptait que six morts.

Quand le directeur général de la santé fait une première réunion interservices, le 14 janvier, il y a alors trois morts et une cinquantaine de cas en Chine. Un envoi du ministère sensibilise les établissements hospitaliers, médico-sociaux, les professionnels de santé libéraux à la situation et aux recommandations sanitaires. Dans toutes les réunions organisées à la DGS, sont présents des représentants de la direction générale de l'offre de soins (DGOS), en charge des établissements de santé, et de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS), en charge des établissements médico-sociaux et sociaux. L'ensemble des établissements ont été pris en compte de la même façon.

Quand le 7 février, je fais mes commandes pour constituer un stock d'État qui n'existe pas et que l'État n'est pas censé avoir, je dis bien que celui-ci doit être délivré aux établissements de santé et aux EHPAD pour un mois de stock d'amorce. Les produits en question viennent de Chine, où le confinement de 100 millions de personnes a mis les usines à l'arrêt ; elle garde donc tout pour elle. Ces difficultés à obtenir du matériel, je les ai vécues moi-même en travaillant comme soignante. Nous avons appris par la suite que la matière première qui sert dans le monde entier à fabriquer des surblouses est produite à Wuhan, placée en confinement le 22 janvier, le jour même où l'OMS a déclaré avoir des preuves d'une transmission interhumaine – il y avait alors six décès et une cinquantaine de cas. Tous les pays du monde se sont heurtés au même problème.

S'agissant des EHPAD, nous avons fait un énorme travail préparatoire pour la loi relative au grand âge et à l'autonomie. Je suis heureuse de voir mon projet concrétisé grâce à Oliver Véran avec la création d'un cinquième risque couvert par la sécurité sociale. Nous sommes tous conscients de la nécessité d'y consacrer plus d'argent.

En matière de lits de réanimation, il faut faire attention aux comparaisons. Ils ne sont pas comptabilisés de la même façon en France et en Allemagne. En France, ils correspondent à des critères très stricts liés aux matériels et aux personnels dédiés à la réanimation ; en Allemagne, ils recouvrent aussi les soins intensifs.

Lors de la présentation du pacte de refondation des urgences, en septembre 2019, j'avais annoncé un changement volontariste et une réflexion sur la doctrine afin de rouvrir des lits de médecine en aval des urgences. Nous avons mis les moyens pour cela. J'avais même demandé à la même période que l'on revoie la doctrine du comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers (COPERMO), chargé d'évaluer les nouveaux hôpitaux, en vue de prévoir des établissements « élastiques », à même de répondre aux besoins de lits suscités par un attentat, une épidémie ou un événement climatique. Mais préparer des hôpitaux construits dans les années 70 ou 80, cela prend des dizaines d'années.

J'ai été la première ministre en dix ans à avoir augmenté le budget des hôpitaux, grâce au PLFSS voté par le Parlement. Depuis mon arrivée, nous étions sur une dynamique d'augmentation des moyens et des lits.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.