N'étant plus ministre depuis quatre mois, je ne suis pas au courant des essais vaccinaux. Tout ce que je sais, je le sais par la presse. Je ne peux donc pas vous répondre.
Ce n'est pas le 30 mais le 25 janvier que je demande à M. Yazdanpanah des protocoles, et à Santé publique France des scénarios, autrement dit cinq jours avant que l'OMS ne déclare l'urgence de santé publique de portée internationale. Je me tourne vers ce professeur émérite en infectiologie, président de la structure REACTing, chargée de coordonner la recherche sur les épidémies, afin qu'il propose des protocoles pour tester tout ce qui existe et pourrait être utile. Il s'agit alors pour moi d'anticiper : au cas où une épidémie arriverait – elle arrivera plus d'un mois après –, tous les protocoles doivent être prêts pour que les premiers malades puissent être inclus d'emblée dans des essais cliniques.
N'étant pas spécialiste de l'infectiologie, je n'ai alors aucune idée des traitements antiviraux adéquats ; je ne lui demande donc pas spécifiquement de tester un médicament plutôt qu'un autre. Je suis cancérologue et, à ce titre, je connais les chimiothérapies ; je ne me serais pas mêlée de proposer des traitements, d'autant que les médicaments ont beaucoup évolué depuis que j'ai quitté la clinique, il y a plus de dix ans. Je n'en suis pas là mais plutôt à repérer les malades sur le territoire et à identifier les clusters.
C'est également le 25 janvier que je demande des scénarios sur les évolutions potentielles de l'épidémie à Santé publique France ; j'exige qu'ils soient restitués en une journée, car une réunion interministérielle est prévue avec le Premier ministre le dimanche 26 janvier, et je veux pouvoir présenter l'ensemble des scénarios possibles. À cette date, l'OMS n'a pas encore déclaré l'urgence de santé publique de portée internationale. Je ne peux donc pas laisser dire que nous n'avons pas anticipé.
J'ai alors des échanges réguliers avec le docteur Tedros, le directeur général de l'OMS, sur WhatsApp. À ce moment, nous sommes complètement dépendants de ce que disent les autorités chinoises ; je cherche donc à obtenir des informations régulières. Or Tedros se rend en Chine, avec un comité d'experts de haut niveau de l'OMS, le 28 janvier ; ce comité ne comprend pas de Français, mais je fais confiance à mes collègues. Nous souhaitons alors disposer de retours plus concrets sur ce qui se passe en Chine. J'appelle moi-même Tedros le jour de son retour pour connaître sa perception des événements, mais je ne parviens pas à le joindre.
L'article du Monde n'est ni une interview, encore moins une déclaration. Le journaliste m'appelle le lendemain du premier tour de l'élection municipale, au moment où se pose la question des dépôts de listes et où je bataille conte la fusion des listes, car je suis intimement persuadée que le second tour ne peut pas se tenir. J'arrête d'ailleurs ma campagne parce que je ne suis pas favorable à ce que l'on continue les tractations politiques dans ce contexte, et je demande que l'on arrête tout. C'est à ce moment-là que l'on m'appelle. Si cela avait été une interview, j'aurais relu ces propos ; or le verbatim ne m'a jamais été soumis. Je ne suis pas là pour interpréter cet article, mais pour rendre des comptes devant la représentation nationale, et j'espère clarifier la façon dont j'ai géré cette crise au moment où j'étais au ministère.