Une question m'a été posée pour savoir si j'avais appelé M. Didier Houssin. L'interlocuteur d'un ministre, c'est le directeur général de l'OMS. C'est le directeur général de la santé qui est en lien régulier avec les services techniques de l'OMS. Chacun a son niveau de contacts.
Sur les questions des parlementaires, je me suis mal exprimée. Je parlais de celles portant sur les pénuries de médicaments provoquées par la fermeture des usines en Chine. Je ne dis pas que vous ne m'avez pas alertée avant sur la pénurie globale de médicaments.
Un ministre ne connaît pas l'état des stocks de milliers de produits de santé dont notre système de santé a besoin. C'est refaire l'histoire que de s'imaginer qu'il peut savoir quel sera le nombre d'ampoules de propofol en France dans douze mois. Un jour nous aurons peut-être besoin de tel antibiotique contre une bactérie multirésistante. Ce qui compte, c'est d'avoir l'information rapidement et de pouvoir passer commande. Or, lorsque nous lançons des commandes, le 30 janvier, le 7 février, il n'y a plus moyen d'obtenir les produits. Le trafic aérien est arrêté, l'acheminement par bateau prend un mois. Nous sommes face à une situation inédite qui nous montre que nous n'avons pas pris la mesure de la centralisation de la production en Chine, qu'il s'agisse des produits finis ou des matières premières. C'est ce qui nous a piégés pour les surblouses dont nous avons découvert que la matière première était produite à Wuhan. Si nous avions pu obtenir les produits commandés en temps réel, nous n'aurions pas été dans la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. Je veux bien qu'on me dise que je n'ai pas anticipé, mais il faut aussi prendre en compte le commerce mondial et la géographie des centres de production. Notre malchance a été que l'épidémie soit partie de Chine. Si le foyer avait été situé en Thaïlande, le problème n'aurait pas été le même. Tous les pays du monde ont été compétition. Des batailles ont eu lieu sur les tarmacs des aéroports. Des collègues médecins dans d'autres pays m'ont dit avoir subi aussi des pénuries. Moi-même, à l'hôpital Percy, j'ai senti des tensions sur les surblouses et les masques FFP2. Nous avons anticipé et lancé des commandes très tôt mais les frontières chinoises étaient déjà fermées.
Quant à Olivier Véran, il était évident que ce serait lui qui me succéderait. Il avait déjà été pressenti comme ministre en 2017. Il était rapporteur général du projet de loi de financement de la sécurité sociale, rapporteur d'une partie du projet de loi sur la bioéthique et du projet de loi organique sur les retraites. Il était déjà familier de tous les dossiers et connaissait le ministère comme sa poche. Je l'avais tout le temps au téléphone. La passation de pouvoir a donc été très simple. Je n'ai eu à lui dire que quelques mots : que tout était mis en tension pour lutter contre cette épidémie qui allait probablement gagner l'Europe, que des commandes avaient été passées. Ce qui ne concernait pas l'épidémie, nous n'avons pas eu à l'évoquer.