L'État payait ! Je ne suivais pas quotidiennement l'état des stocks mais, lors de mes rendez-vous réguliers avec la direction générale de la santé, nous évoquions de nombreux sujets, dont celui-là. On m'a demandé de me prononcer sur les achats conjoints d'antigrippaux au niveau européen, le Tamiflu pour la grippe, le vaccin contre la variole et leurs modalités de financement.
On ne m'a jamais dit : « Madame la ministre, m'autorisez-vous à ne plus acheter de masques ? ». Je donnais la ligne, puis les arbitrages se faisaient dans des réunions opérationnelles qui réunissaient la DGS et Santé publique France ou, avant sa création, l'EPRUS. Ils choisissaient ensemble les achats qui devaient avoir la priorité. En revanche, lorsque le DGS estimait qu'il existait un enjeu politique, il me faisait remonter l'information. J'ai toujours fait confiance à Benoît Vallet – et avant lui à Jean-Yves Graal – car ils étaient très rigoureux et savaient distinguer ce qui relevait de la technique opérationnelle de ce qui relevait de la décision politique.
Le pharmacien en chef de Santé publique France, et auparavant celui de l'EPRUS, fait un travail remarquable. Je n'imagine pas que Benoît Vallet aurait pris la décision de détruire des stocks significatifs de masques ou de sérums varioliques sans m'en parler.