Intervention de Éric Ciotti

Réunion du mercredi 8 juillet 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Ciotti, rapporteur :

Le 1er avril, Monsieur le président de la FHF, vous avez lancé un cri d'alarme, disant, en substance : « Nous sommes au bord de la noyade » et considérant qu'il fallait « changer de braquet ». Aujourd'hui, vous nous dites : « L'hôpital a tenu ». Ce constat ne doit-il donc pas être nuancé par le fait qu'au début de la crise, on n'a peut-être pas accueilli à l'hôpital tous les patients qui étaient malades à domicile ou en EHPAD ? Vous avez en partie répondu, mais au-delà de la question souvent posée du tri, il y a aussi celle des malades des EPHAD qui n'ont pas été pris en charge.

Certes, globalement, l'hôpital a tenu : au total 104 000 personnes ont été hospitalisées dans les services de réanimation, avec un pic à 7 000 le 8 avril. Mais au début du mois de mars, lorsque la crise avançait de façon extrêmement préoccupante, n'y a-t-il pas eu des refus de prises en charge ? Un médecin coordonnateur d'EHPAD de mon département m'a dit avoir appelé le 15 qui lui aurait répondu en substance : « Il vaut mieux qu'il meure chez toi que chez moi ; de toute façon il va mourir ». Ce type d'attitude a-t-il existé ? Si l'hôpital a tenu, n'est-ce pas aussi au prix d'une sélection des patients ?

Enfin, aurait-il résisté si le virus avait eu le même impact dans l'ensemble du territoire national ? Trois régions ont été terriblement touchées et des transferts ont été nécessaires. Ce sont des opérations extrêmement risquées, périlleuses même et traumatisantes pour les malades. J'aurais donc tendance à apporter une nuance importante à votre constat : on a tenu, oui, mais à quel prix ?

L'une des réussites que vous évoquiez a été la capacité d'adaptation, on peut effectivement le dire. Néanmoins, j'aimerais vous interroger à propos des respirateurs. On est passé de 5 000 à plus de 10 000 lits de réanimation en un temps record. Mme Lila Bouadma, membre du Conseil scientifique, nous a déclaré que les respirateurs achetés étaient des respirateurs de transport, pas vraiment adaptés à la situation. Quel est votre regard à ce sujet ? Qu'est ce qui a été fait depuis, et que faudrait-il faire qui n'a pas déjà été fait, pour qu'en septembre ou avant, malheureusement – si nous sommes confrontés à un second choc épidémique –, nous soyons prêts et disposions à la fois des personnels formés et du matériel adapté pour armer ces lits de réanimation ? Quant à la coopération entre le public et le privé, a-t-elle été vraiment opérante ?

Une dernière famille de questions est au cœur de beaucoup de travaux de notre commission : celle des moyens de protection individuels pour les soignants, que ce soit à l'hôpital ou dans les EHPAD, et de leurs stocks. Vous nous avez déclaré que les EHPAD publics ont mieux tenu le choc que les privés. D'après ce que j'ai pu mesurer dans mon département, c'est empiriquement confirmé. Les plus traumatismes les plus importants sont intervenus dans des établissements privés. Pour quelle raison, selon vous ? Vous avez parlé de stratégie « flottante » dans les EHPAD et de décision tardive pour le port du masque. N'a-t-on pas pris un retard extraordinairement dangereux qui a pu coûter la vie à des patients ? Quel regard portez-vous sur la mise à disposition de ces équipements de protection pour les soignants et pour les résidents dans les EHPAD ?

De façon plus globale, à l'hôpital, existait-il une évaluation et un contrôle – et si oui, de qui ? – des moyens tactiques ? Je parle en premier lieu de ceux qui entrent dans la stratégie globale de l'État, déployés dans les services de secours, les SMUR, les SAMU… Les masques ne figurent pas au nombre de ces moyens tactiques : cela nous a été rappelé par M. Xavier Bertrand, qui avait adopté cette doctrine, que je trouve pertinente, d'équipements au plus près en matière de risques. Disposez-vous d'une évaluation centralisée de ces moyens ? Et si non, faudrait l'instaurer ?

Selon la doctrine de 2013 du secrétariat général à la défense et à la sécurité nationale, la constitution des stocks de protection, dont les masques, pour les personnels des établissements revient aux établissements eux-mêmes. Aviez-vous une visibilité sur ces stocks ? Étaient-ils définis et par qui ? Cela fait beaucoup d'interrogations auxquelles nous avons toujours des réponses différentes. Comment a-t-on calculé ces stocks dans les établissements : de quelques jours dans certains établissements, à quelques semaines voire quelques mois dans d'autres ? Faudrait-il selon vous une vraie réforme définissant une durée pertinente la constitution des stocks afin de faire face à un pic de crise ?

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