Intervention de Frédéric Valletoux

Réunion du mercredi 8 juillet 2020 à 15h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Frédéric Valletoux, président de la Fédération Hospitalière de France (FHF) :

Oui, on a beaucoup trop diminué le nombre de lits de réanimation en France ces dernières années. Ainsi, l'hôpital de Fontainebleau ne comptait que huit lits de réanimation en fonctionnement courant et cinquante-et-un au moment de la crise. On a multiplié par deux en moyenne le nombre de lits dans le pays, mais par six ou par sept dans certains territoires, parce qu'on y partait d'un niveau anormalement bas par rapport aux besoins de la population. Ce constat a été fait depuis des années, et on en a touché du doigt les conséquences pendant cette période.

Je reviens sur les liens avec la médecine de ville, et sur la permanence des soins, vieux sujet qui a fait l'objet de tant de rapports parlementaires. Nous sommes un des rares pays à nous offrir le luxe d'un système de santé avec des professionnels ayant des écarts considérables entre leurs droits et leurs devoirs, ou en tous les cas sur lesquels pèsent des contraintes aussi différentes, et qui pourtant émargent au même système, l'assurance-maladie, financée par les cotisations des Français. Et c'est un luxe qui dure.

Il est néanmoins vrai que le fait que la permanence des soins repose exclusivement sur l'offre publique – soyons précis : elle repose sur l'offre publique d'un côté et sur la bonne volonté de l'autre – pose problème, on le voit notamment à travers la fréquentation des urgences. L'hôpital est, normalement, le lieu de la prise en charge de la phase aigüe de la maladie : nous ne sommes pas dans une logique de dispensaire. Or, les services d'urgence sont souvent le dernier recours pour des personnes qui ne trouvent pas ailleurs à se soigner ou qui ne trouvent pas d'accès aux médecins. L'hôpital n'est pas conçu pour cela.

Rendre à l'hôpital sa juste place commence par faire assumer la permanence des soins à d'autres acteurs du système de santé. Ce débat date de la fin de l'obligation de permanence des soins, il y a une quinzaine d'années. Revenir en arrière est compliqué mais possible. Notre fédération le prône depuis longtemps, pour l'instant sans succès, mais il faudra bien s'y intéresser.

Faut-il laisser la prime aux hospitaliers à la discrétion des directeurs d'hôpitaux ? Je pense que cette prime vient remercier ceux qui se sont mobilisés, et parmi eux, certains plus que d'autres car ils ont été davantage confrontés à des situations critiques. Prendre une mesure nationale, qui remercie tout le monde de la même manière, aurait été possible. Ce qui a été proposé par le gouvernement est plus complexe, mais responsabilise aussi les acteurs dans les établissements. Évidemment le directeur ne décide pas des primes tout seul, mais dans le dialogue social, avec toute la gouvernance des établissements, la communauté hospitalière et les représentants du personnel. C'est ainsi que doivent être affinées et distribuées les primes : en faisant confiance aux acteurs locaux pour savoir effectivement qui sont ceux qui, plus que d'autres, ont été au front. Cela me paraît plus juste, plus équitable, qu'un système national uniforme qui aurait certes servi tout le monde, mais sans doute gommé la nature de cette prime de mobilisation et d'engagement. Donc, je ne suis pas choqué qu'il y ait des discussions un peu fines, établissement par établissement.

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