Intervention de Agnès Giannotti

Réunion du jeudi 9 juillet 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Agnès Giannotti, vice-présidente de MG France et présidente de la CPTS de Paris 18e :

Je suis médecin généraliste dans le 18e arrondissement de Paris, un quartier populaire touché de plein fouet par l'épidémie, à l'instar de la Seine-Saint-Denis et de tout le nord-est de Paris.

Dans les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), comme dans les centres covid et dans toutes les structures qui ont été créées à l'occasion de la crise, les médecins généralistes ont été au rendez-vous. Nous avons même été présents avant le premier jour, bien avant que les institutions ne réagissent. Nous nous sommes montrés extrêmement inventifs pour nous adapter aux différents territoires. Ainsi, ce que nous avons mis en place dans le 18e arrondissement ne ressemble pas à ce qui l'a été dans l'île d'Oléron, les réalités étant différentes, qu'il s'agisse des populations, des moyens et des ressources. Nous avons pu nous adapter quotidiennement aux besoins des populations et des professionnels, en fonction de ce que nous connaissions de l'épidémie. Les médecins généralistes ont été au rendez-vous et pourtant, je n'ai jamais entendu M. Salomon les mentionner. Une profession dont on ne prononce pas le nom est-elle une profession qui n'existe pas ?

Il y a eu une faillite de l'État, dans la mesure où la gradation des soins, qui consiste à faire soigner quelqu'un au bon moment, par la bonne personne et au bon endroit, n'a pas été appliquée.

On ne s'est pas appuyé sur les soins primaires, qui permettent pourtant une prise en charge au plus près du patient, répondant au mieux à ses besoins de santé, puisque le médecin traitant, qui connaît sa situation, ses facteurs de risque, sa précarité sociale éventuelle, peut le guider dans son parcours de soins. Les soins primaires sont le lieu de la prévention, du dépistage, des vaccins. Certes, nous ne disposions pas d'outils de diagnostic, mais il nous restait quelques masques. Il nous a été reproché de ne pas en avoir acheté, mais nous en avions, bien sûr. J'ai même donné mes masques FFP2 aux infirmiers du territoire, parce que j'estimais qu'ils étaient plus à risque que moi. Mais est arrivé le moment où nous ne pouvions plus en commander de nouveaux. J'ai également failli manquer de soluté hydroalcoolique.

MG France a conduit trois enquêtes successives. La première a montré que les médecins généralistes ont reçu 1,85 million de patients. À la fin de la troisième enquête, ils en avaient vu 2 millions. Mais personne n'en a parlé ! Ces enquêtes n'avaient pas la prétention d'être scientifiques, mais elles ont éclairé un sujet qui n'a pas intéressé l'État : qui soigne les patients en ville, combien de patients ont été vus ? C'est un problème.

La gradation des soins a également pâti du dysfonctionnement du 15, saturé de questions sur la transmission du covid ou la marche à suivre lorsqu'une personne éprouvait des difficultés à respirer. Cela a entraîné une perte de chances pour les patients qui avaient vraiment besoin de soins urgents. Le 15 est indispensable, mais il faut le recentrer sur sa mission. Se pose donc à nouveau la question de la régulation libérale territoriale, qui permettrait de répondre aux situations qui ne doivent pas passer par le 15. En cas de deuxième vague ou de campagne de vaccination, ne reproduisons pas les mêmes erreurs : ce n'est pas à l'hôpital d'intervenir, mais à la régulation territoriale et aux organisations qui sont nées de cette crise.

Je tire mon chapeau à tous les professionnels du territoire ! Si M. le directeur général de la santé ne l'a pas fait, je m'en charge. Dans toute la France, les collègues se sont mobilisés et ont été au rendez-vous.

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