Intervention de Agnès Giannotti

Réunion du jeudi 9 juillet 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Agnès Giannotti, vice-présidente de MG France et présidente de la CPTS de Paris 18e :

Nous avons abordé le manque de masques pour les professionnels de santé. Il en a été de même dans toutes les structures qui accompagnent les personnes âgées. C'est l'une des grandes faillites de cette épidémie. Toutes les aides à domicile, en EHPAD ou hors EHPAD, n'ont pas été pourvues en équipements de protection leur permettant à leur tour de protéger les personnes âgées, ce qui était une nécessité primordiale. L'arrivée des protections a été extrêmement tardive. L'État a une grande part de responsabilité.

Par ailleurs, je souhaite vous faire part de deux interrogations, qui mettent en lumière les différences de traitement entre les professionnels de santé. Nous sommes contents de pouvoir enfin prescrire les tests PCR pour le diagnostic, ce qui est assez récent. Mais on oublie de dire qu'il y a 30 % de faux négatifs. Que fait-on, quand un tiers de personnes n'est pas dépisté lors d'une épidémie ? Certains tableaux cliniques sont typiques. Nous savons très bien qu'une personne qui perd l'odorat et le goût souffre du Covid-19, même quand le résultat du test PCR est négatif. Pourtant, la CNAM considère que tel n'est pas le cas. Il faudrait au moins nous laisser faire un scanner, qui permet de détecter le Covid-19. Mais seul l'hôpital a le droit d'en prescrire, en ville, nous ne le pouvons pas. On nous prive donc, encore aujourd'hui, de la possibilité de diagnostiquer un tiers des patients ! Pourquoi l'hôpital peut-il prescrire des scanners, mais pas nous ? Pourquoi ne pas nous faire confiance quand nous affirmons que nous sommes face à un tableau clinique typique ? Pourquoi ne pas faire confiance aux généralistes ? Cette différence de traitement nous empêche de prendre en charge un plus grand nombre de patients.

Le sujet des inégalités sociales de santé a été peu abordé. J'ai le sentiment que personne ne s'est interrogé quant à l'applicabilité des mesures dictées par le Gouvernement, ne serait-ce que l'autorisation de sortie. Pour en avoir une, il fallait disposer d'une imprimante. Et pour la remplir, il fallait savoir lire et écrire. Ainsi, tout un pan de la population a été exclu et ne sortait plus. J'ai moi-même envoyé des attestations de sortie à des patients souffrant de maladie grave qui n'avaient pas compris qu'il en fallait une et qui ne comprenaient pas non plus ce qu'étaient les mesures barrières. De ce point de vue, les organisations territoriales nous permettent de mieux nous adapter à ces populations spécifiques. Il y a toute une frange de la population dont nous nous sommes très peu occupés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.