Sur les rapports entre cliniques privées et hôpital public, les établissements de soins privés ont été mobilisés sans discernement dans toute la France et se sont mis en situation d'accueillir des patients pour des hospitalisations simples ou dans les services de réanimation. Ils ont même souvent été promus à des niveaux d'équipements supérieurs sur instruction de l'ARS. Puis nous avons vu des patients traverser la France en TGV, alors que nous aurions pu les accueillir, puisque nous ne comptions aucun patient hospitalisé dans nos établissements privés. Cela a été le cas dans le Grand-Est, en particulier. Il y a donc bel et bien eu des problèmes de collaboration.
S'agissant des pertes de chance, en raison de l'incurie de l'État dans la gestion des médicaments – midazolam, propofol et curare –, l'activité dans les établissements de soins publics et privés n'est repartie que très lentement. En hospitalisation privée, nous avons le sentiment que les établissements de soins publics ont été largement dotés en médicaments, tandis que nous peinons à en obtenir. Moralité, certains gestes simples et certains diagnostics n'ont pas pu être effectués. Je pense, par exemple, aux coloscopies qui permettent de diagnostiquer un cancer du côlon. Or un retard de diagnostic se traduit par un retard de prise en charge, alors même que les pathologies continuent à évoluer. Aujourd'hui, certains établissements traînent un peu des pieds pour reprendre leur activité. Nous l'avons dénoncé à de multiples reprises.
Le recours à la télémédecine a explosé, pour de multiples raisons. Nous y sommes favorables, même si la téléconsultation ne peut pas remplacer une consultation présentielle. La plus grande vigilance est de mise pour que la téléconsultation n'entre pas dans un marché commercial, en fixant des règles dans le parcours de soins. En tout état de cause, certaines modalités de télémédecine méritent d'être assouplies, notamment concernant la téléconsultation. Il importe de développer la télé-expertise et d'entrer dans la télésurveillance.
Tout cela devrait faire l'objet d'une négociation conventionnelle que nous appelons tous de nos vœux au plus vite. Des moyens sont légitimement débloqués pour les hôpitaux publics, et j'attends sans grande illusion les conclusions du Ségur de la santé, car je crains que la médecine de ville ne soit complètement oubliée. Or la nation ne peut pas oublier ses valeureux soldats qui sont montés au front sans protection et qui, pour certains, l'ont payé de leur vie. Il serait indigne de la nation française de ne pas accompagner la réorganisation et la restructuration de la médecine libérale.