Intervention de Jean-Paul Hamon

Réunion du jeudi 9 juillet 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-Paul Hamon, ancien président de la FMF :

Le 116-117 est une demande unanime des syndicats de médecins libéraux. Mais on nous a répondu qu'il continuerait à y avoir un numéro unique parce qu'on considère que les Français sont trop idiots pour distinguer le 15 et le 116-117. Ce serait pourtant une garantie d'indépendance.

De nombreux projets sont élaborés suivant le modèle du Grand-Est, par exemple en Normandie, en Île-de-France ou encore dans la Creuse : un 116-117 avec une régulation libérale, une prise en charge et une valorisation des soins non programmés, une garantie de prise en charge du patient dans les 12, 24 ou 48 heures selon la pathologie, et une interconnexion avec le 15 en cas de véritable urgence. Nous pourrions ainsi prendre en charge les 20 millions de passages qui n'ont rien à faire aux urgences et qui coûtent environ 5 milliards d'euros à la collectivité. Pour notre part, nous demandons une valorisation d'environ 360 millions d'euros pour financer le dispositif que je viens de décrire.

Mais la médecine libérale est complètement ignorée par le Ségur de la santé, comme l'administration nous a ignorés et méprisés. Souvenez-vous que les internes qui effectuaient leur stage en médecine générale étaient initialement privés de prime, de même que les anesthésistes-réanimateurs libéraux qui ont permis au système de tenir ! Il a fallu que nous nous battions pour qu'ils bénéficient eux aussi des primes. Il faudra donc fortement insister pour que soit instauré un 116-117 libéral, car le Gouvernement n'est pas disposé à le faire. Ce serait pourtant la première étape d'une réorganisation du système de soins, d'une prise en charge des soins non programmés et d'une régulation des urgences.

Le Ségur de la santé accorde 7 milliards d'euros aux hôpitaux et ils mégotent ! Je peux vous dire que si l'on dédiait la même somme à la médecine de ville, nous réorganiserions le système de santé – à commencer par un financement des syndicats médicaux. Dans le cadre du Ségur de la santé, nous sommes prévenus la veille pour le lendemain, comme si nous n'avions pas de consultations à assurer. Nous ne sommes pas des professionnels du syndicalisme, nous exerçons tous une activité libérale. La façon dont on nous a traités, en modifiant des dates de réunions la veille pour le lendemain, en en annulant d'autres et en ne nous annonçant que ce matin une réunion demain au ministère est un pur scandale.

J'ai entendu Mme Buzyn demander la création d'une nouvelle agence pour la gestion de crise. Mais nous avons appris qu'en 2017, le directeur de Santé publique France avait écrit au directeur général de la santé concernant la gestion des stocks, mais qu'il n'avait obtenu une réponse qu'en octobre 2018, et que Mme Buzyn ne l'aurait appris qu'en janvier 2020. Il faut donc quinze mois pour passer d'un étage à l'autre du ministère, et on nous parle d'une nouvelle agence ! Pour quoi faire ?

L'ARS Île-de-France, qui a pourtant été particulièrement active, n'a adopté que le 20 mars un modèle de type distrimasques, à l'instar de celui qui avait été mis en place dans le Grand-Est avec les URPS des médecins et les URPS des pharmaciens. En outre, cette ARS n'a pas respecté les directives relatives aux clusters qu'elle avait elle-même diffusées le 11 avril ! Il y a eu un cluster en face de chez moi, à Clamart. Normalement, on aurait dû extraire les sept personnes qui se trouvaient dans un foyer de jeunes travailleurs et les isoler dans un « hôtel Covid ». Cela n'a pas été le cas. À cette occasion, j'ai aussi découvert la guerre entre la préfecture et les ARS, puisque le maire m'a indiqué que le préfet n'avait pas été prévenu de l'existence de ce cluster. Non seulement l'administration est hypertrophiée, mais en plus elle se fait la guerre. C'est absolument insupportable.

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