Intervention de Jean-Paul Ortiz

Réunion du jeudi 9 juillet 2020 à 10h30
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF :

S'agissant des masques, nous avons attaqué cette crise avec les stocks reçus il y a dix ans : des boîtes de trente masques – périmés – et des lunettes de protection. Mon cabinet a acheté deux boîtes de cinquante masques lorsque nous avons compris que la situation commençait à chauffer, pour équiper les patients.

La doctrine sur les masques a changé : l'avis de la Société française d'hygiène hospitalière du 28 janvier 2020, repris dans le guide méthodologique Covid-19 de la DGS du 20 février 2020, est resté en ligne jusqu'à ce que je le dénonce au cabinet du ministre. Il indiquait clairement que les soignants devaient porter des masques FFP2. On m'a ensuite dit que faute de masques FFP2, on ferait porter des masques chirurgicaux au soigné et au soignant, mais il n'y avait même pas de masques chirurgicaux pour les soignants.

Il est normal que nous ayons un petit stock de masques en permanence, mais en situation de crise, l'État a la responsabilité de nous en fournir. Si chacun doit garder des stocks importants, la question du financement se pose, et nous n'avons aucun accompagnement financier pour l'instant. On ne peut pas demander à chaque cabinet médical de stocker des cartons entiers de masques, c'est de la responsabilité de l'État.

S'agissant des CPTS, l'un des enseignements de cette crise est que les possibilités d'organisation sur le terrain sont variées. La CPTS ne doit pas être un modèle unique imposé partout, c'est un outil intéressant parmi d'autres. Certains médecins l'ont pris en main, dans d'autres cas, on note des dysfonctionnements. D'autres outils permettent la coordination des acteurs sur le terrain. Des cabinets médicaux pluriprofessionnels existent depuis des années sans être nécessairement déclarés en tant que maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). Ce n'est pas parce que des médecins sont sous un même toit qu'ils travaillent ensemble, et à l'inverse, les outils numériques permettent de collaborer sans partager les locaux.

Il existe déjà les CPTS, les maisons de santé pluriprofessionnelles, les équipes de soins primaires, les équipes de soins spécialisées, évitons de multiplier les structures bureaucratiques. Laissons les médecins libéraux et les professionnels de santé s'organiser sur le terrain.

S'agissant de la liaison entre médecine de ville et hôpital, créer des groupements hospitaliers de territoire a été une erreur. Ce sont de grosses entités dirigées par un hôpital de référence censé faire un projet territorial de santé duquel sont exclus l'hospitalisation privée et la médecine libérale. Notre système de santé est centré sur les structures et sur l'hôpital, c'est l'inverse qu'il faut faire. La médecine de ville doit s'organiser, des outils émergent dans le domaine de l'e-santé et du numérique. Ils permettront de coordonner la médecine de ville avec les hôpitaux, à l'échelon des territoires. Les GHT sont de trop grosses structures qui ont tendance à tout régenter dans les territoires en excluant une partie de l'offre de soins.

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