Intervention de Katia Julienne

Réunion du jeudi 16 juillet 2020 à 10h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

Katia Julienne, directrice générale de la DGOS :

La comparaison avec l'Allemagne peut frapper ; en effet, d'après l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), celle-ci disposait de 28 000 lits en soins critiques avant la crise, alors que nous n'avions que 5 000 lits de réanimation. Mais si l'on ajoute à ces 5 000 lits 7 273 lits en unités de soins continus et 5 832 lits en unités de soins intensifs, on aboutit à un total d'un peu plus de 18 000 lits, sans compter les places consacrées aux enfants. C'est de cette comparaison dont nous souhaitons discuter avec les réanimateurs – nous avons commencé à le faire depuis le début du mois de juillet –, car il nous faut creuser cette question du périmètre de la réanimation.

Nous devons définir la capacité en réanimation nécessaire à l'échelle nationale. C'est un sujet compliqué, car il n'est pas question d'armer 100 000 lits qui seraient disponibles en permanence. Il faut déterminer des critères pertinents, dans chaque région mais aussi entre les régions. Par exemple, la capacité est moindre en Bourgogne-France-Comté qu'en Auvergne-Rhône-Alpes, ce qui paraît cohérent au regard des populations respectives des deux régions, mais des transferts ont été organisés sans problème de l'une à l'autre. Grâce à la coopération interrégionale, les capacités d'une région ont donc permis de satisfaire les besoins d'une autre. Est-il préférable de réfléchir au niveau de chaque région ou à l'échelle de plusieurs régions ? Nous travaillons sur ces questions avec les deux conseils nationaux professionnels (CNP) de réanimateurs, médecine intensive réanimation (CNP-MIR) et anesthésie-réanimation et médecine péri-opératoire (CNP-ARMPO).

Ces sujets sont importants s'agissant des soins critiques, mais aussi pour d'autres types d'autorisations ; nous devons y travailler en pensant au court terme – les semaines qui viennent – mais aussi au long terme, car armer de manière pérenne de nouvelles places en réanimation implique de disposer d'équipements supplémentaires, mais aussi de former des professionnels – médecins, infirmières –, ce qui ne se fait pas en quelques mois. Nous devons y travailler maintenant pour préparer l'avenir.

Les établissements de santé ont l'habitude de travailler dans le cadre des plans blancs ; ils les ont d'ailleurs déclenchés spontanément, par exemple dans le Grand Est, pour se réorganiser rapidement et réaffecter les professionnels au sein de leurs services. Ils savent le faire et le font bien. Cependant, l'épidémie à laquelle nous avons été confrontés ne constitue pas un risque habituel. Les plans blancs sont conçus pour faire face à des crises ponctuelles, soit géographiquement, soit dans le temps ; or le Covid-19 est une crise majeure, globale et surtout durable. C'est à une crise de cette ampleur que la déprogrammation a permis de répondre, en libérant massivement des capacités humaines – des professionnels de santé – mais aussi des équipements et du matériel. C'est pour cela que nous l'avons mise en œuvre.

Cela dit, aurions-nous pu diminuer le niveau de déprogrammation ? La réponse à cette question n'est pas nécessairement positive, mais nous nous la posons, et nous en discutons avec les réanimateurs. Nous n'avons pas déprogrammé les soins urgents liés à des nécessités vitales, mais le mouvement a tout de même été massif.

Lorsque nous avons sollicité le 6 mai dernier une reprise d'activité progressive en fonction de chaque territoire, nous avons aussi demandé que la réversibilité soit garantie en 24, 48 ou 72 heures ; nous avons d'ailleurs réitéré cette demande la semaine dernière dans le cadre de la préparation de la période estivale. Nous devons être en mesure de réarmer rapidement l'ensemble des capacités de réanimation mobilisées au plus fort de la crise – nous les avions alors doublées en quelques jours –, que ce soit à l'échelle locale, régionale ou nationale, si le besoin s'en fait sentir ; tous les établissements, qu'ils soient publics ou privés, s'y préparent.

Vous m'aviez déjà interrogée en ce qui concerne l'accès aux lits de réanimation dans le cadre de cette mission d'information, au mois d'avril dernier. Je le répète, nous n'avons jamais donné de consignes nationales sur ce point. Il appartient aux médecins de décider qui doit être admis en réanimation ; cela relève d'une décision exclusivement médicale, et c'est de cette manière que les choses se sont passées sur le terrain. De même, pour la reprise d'activité, nous n'avons pas donné de liste d'actes ou de pathologies, car nous considérons qu'il s'agit d'une décision appartenant aux médecins. D'après les études réalisées par la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES), dont les résultats vous seront communiqués, les personnes âgées ont été globalement bien prises en charge dans les établissements de santé, que ce soit en réanimation ou en hospitalisation complète.

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