Intervention de le colonel Grégory Allione

Réunion du mardi 21 juillet 2020 à 12h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

le colonel Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs‑pompiers de France :

Vous avez parlé de notre « communication ». Le texte en question était un document de travail. Notre fédération rassemble 281 000 membres. Il y a une vingtaine de commissions, et toutes ont travaillé. Le document qui s'est retrouvé dans la presse a été obtenu par un seul média, d'ailleurs bien connu au ministère de l'intérieur car, pendant la gestion de crise, il a fait état de difficultés, sur la base d'informations que moi‑même je ne possédais pas. Le plus souvent, je prends avec des pincettes ce que dit la presse, notamment la presse satirique.

Je le répète, le document que nous vous avons envoyé est la base d'un retour d'expérience sérieux ; il est étayé, fondé sur des données précises, y compris concernant les transferts d'appel et les temps de réponse. À cet égard, comme je l'ai dit au Sénat, n'importe quel autre numéro aurait été saturé à cause du covid-19, et ce pour une seule et unique raison : quand vous faites passer tous les appels – urgents et non urgents – dans le même tuyau, il est impossible de faire face ; je laisserai la parole au docteur Hertgen pour développer cette question.

C'est la raison pour laquelle nous préconisons de distinguer entre l'urgent et le non urgent en adoptant un système fondé sur deux numéros, en éduquant les citoyens. Tant que l'on considérera que notre population n'est pas capable de déterminer elle‑même ce qui est urgent et ce qui ne l'est pas, on continuera avec le même schéma, que nous sommes les seuls au monde à appliquer – car ce n'est pas le système qui a été développé dans les autres pays européens, ou dans les pays anglo-saxons. Dans la synthèse, vous trouverez des références à d'autres pays européens qui ont fait le choix de distinguer entre l'urgent et le non urgent et n'ont jamais été mis en difficulté.

S'agissant des transferts en TGV, je laisserai mon collègue médecin s'exprimer. Pour ma part, je me contenterai de poser quelques questions. Des colonnes de renfort, au titre de la solidarité entre les territoires prévue par la loi de modernisation de la sécurité civile de 2004, étaient prêtes à partir, à l'image de celles que nous organisons lorsque se déclarent des feux de forêt. Celles-ci comprenaient des ambulances, et nos médecins étaient mobilisés. Pourquoi ont‑elles été annulées ? De la même manière, comment se fait-il que, dans le Doubs, un médecin sapeur-pompier ait été débarqué d'un hélicoptère de la sécurité civile, au prétexte qu'il fallait un médecin du SAMU ? Tous les médecins sortent de la faculté avec le même diplôme et prêtent le même serment : ont-ils des capacités moindres lorsqu'ils sont sapeurs-pompiers que lorsqu'ils sont habillés en blanc ?

Enfin, je tiens à vous rassurer : non, nous n'avons pas envie d'être en conflit perpétuel. M. le ministre de la santé a fait des annonces qui vont dans le bon sens. Nous attendons que ce que le Président de la République avait demandé en 2017, s'agissant du numéro d'urgence, soit mis en œuvre.

Notre fédération nationale se veut, depuis 1882, le reflet de ce que vivent les sapeurs‑pompiers sur le territoire. Les sapeurs-pompiers sont des éponges de ce qui se passe dans la société. Nous faisons remonter à l'Assemblée nationale et au Sénat, avec beaucoup de politesse et de respect, diverses choses que nous percevons et qui concernent aussi bien la médecine de ville que les ambulanciers et les associations agréées de sécurité civile.

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