Intervention de le colonel Grégory Allione

Réunion du mardi 21 juillet 2020 à 12h00
Mission d'information sur l'impact, la gestion et les conséquences dans toutes ses dimensions de l'épidémie de coronavirus-covid 19 en france

le colonel Grégory Allione, président de la Fédération nationale des sapeurs‑pompiers de France :

Il existe de très nombreux acteurs de la santé au quotidien dans les territoires, et il faut sortir du tout-urgences, de l'assignation aux urgences de l'ensemble des acteurs et des transports de malades. C'est ce qui semble se préparer ; la précédente ministre de la santé, déjà, l'avait souhaité dans sa réforme du système hospitalier. La crise du covid-19 n'a fait que révéler les difficultés que le système connaissait déjà : nos collègues hospitaliers sortaient d'une grève car les hôpitaux sont sursollicités, le nombre de lits insuffisant et les urgences saturées, sans parler de la place de nos anciens. La question du tout-hôpital est un sujet de société. Il y va de la répartition de la médecine de proximité dans les territoires : c'est la question de savoir où on installe la maison médicale et comment on regroupe certains acteurs de la santé, y compris les infirmiers, qui, de notre point de vue, devraient jouer un rôle plus important.

Pendant la crise, j'ai essayé, avec l'ordre des infirmiers, de négocier une avancée concernant l'établissement des actes de décès. Il s'agit d'un acte médical, puisque c'est le médecin qui doit le signer. Or vous connaissez toutes et tous la difficulté qu'il y a à trouver un médecin pour le faire, notamment le soir et le week-end. Nous avons donc tenté de faire admettre que les infirmiers pourraient s'en charger. Cela a été refusé. Peut-être aurait-il pourtant été judicieux de profiter de la crise pour s'adapter, et de continuer par la suite à fonctionner de cette façon, car la difficulté des maires à trouver des médecins est bien réelle. Voilà un autre exemple du genre de difficultés que nous avons rencontrées.

Je pourrais citer une quinzaine de départements où il existe des plateformes communes : outre la Haute-Savoie et les Vosges, dont il a été question, il y en a une dans le Tarn‑et‑Garonne, par exemple. Qui plus est, dans ce département, le président du SDIS est aussi le chef du service du SAMU, et il fait travailler ensemble les uns et les autres, pour répondre à l'urgent, au non urgent et à l'aspect social, avec le 115. Dans le Tarn‑et‑Garonne, on apporte ainsi une réponse globale. Nous pourrions tout à fait vous dire qu'il faut continuer à travailler chacun dans son coin, et vous demander des moyens – c'est-à-dire du personnel –, alors que ce n'est peut‑être pas aux urgences qu'il en faut : c'est peut-être dans les étages, dans les blocs de réanimation – je ne sais pas, je ne suis pas un professionnel de santé.

Lorsque c'était possible, parfois même au détriment des accords préalables, nous avons œuvré dans les EHPAD, avec les collectivités territoriales, notamment pour tester le personnel et les résidents. Comme vous l'avez rappelé, monsieur le président, je dirige un SDIS, et nous avons la chance, dans le département où j'exerce, d'être siège à la fois de l'ARS et de la préfecture de région, ce qui a beaucoup facilité les choses, parce que les gens se connaissaient. Les tests nous ont permis d'isoler très vite certaines personnes et de faire en sorte que nos anciens soient pris en charge de la meilleure manière possible.

Avec les 250 000 sapeurs-pompiers, les unités militaires de la sécurité civile et les ESOL, qui sont des plateformes logistiques prêtes à monter des tentes et à aligner des véhicules pour transporter des malades, on dispose d'une véritable « force armée » de la protection civile du quotidien. Or celle-ci n'a pas été utilisée. Cela aurait pu faciliter les choses. Du reste, dans les départements où les sapeurs-pompiers ont joué un rôle de plateforme, travaillant main dans la main avec les collectivités territoriales et l'ensemble des acteurs locaux, cela a permis de distribuer des masques à la population. C'est ce qui s'est passé en Mayenne, notamment, dont on parle actuellement, et dont le président du conseil départemental, Olivier Richefou, est également président de la Conférence nationale des services d'incendie et de secours.

Pour en revenir aux EHPAD, les associations agréées de sécurité civile ont été impliquées, de même que notre réseau fédéral et nos unions départementales. Ils ont distribué des masques et acheté des respirateurs. Tout cela a été fait pour répondre à la crise avec une grande et belle intelligence qui peut être la fierté de notre pays. La résilience ne se décrète pas : ce sont celles et ceux qui font le quotidien dans les territoires qui se sont adaptés pour répondre aux défis qui se présentaient à eux. La proposition de loi que nous avons évoquée devrait permettre de mettre un peu plus en avant l'engagement citoyen, ce qui permettrait d'augmenter nos performances si nous devions vivre de nouveaux des événements dramatiques.

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