Il est vrai que la population des EHPAD est fragile, notamment parce qu'elle souffre de comorbidités. Les chiffres sont éloquents : dans la population générale, 91 % des personnes décédées avaient plus de 65 ans, 80 % plus de 70 ans.
Les EHPAD sont des structures dont les résidents sont, par définition, plus ou moins confinés. Avez‑vous pu identifier le mode d'entrée du virus dans les établissements qui ont été touchés ? Sont-ce les visites ou les soignants, dont le turnover peut être important, qui ont été à l'origine de la contamination ? Qui plus est, vous l'avez indiqué, les résidents présentent souvent des troubles cognitifs et il est difficile de les maintenir en contention ou dans leur chambre.
Par ailleurs, on a constaté que dans des zones assez limitées, certains établissements n'ont signalé aucun cas et d'autres beaucoup. Cette différence s'explique‑t‑elle par la taille de l'établissement ou le niveau du GIR (Groupement iso-ressource) ?
En ce qui concerne la dimension éthique de la situation, avez-vous pu réaliser, au fil de l'eau, avec les médecins traitants et les familles, des évaluations pour savoir s'il était nécessaire d'hospitaliser les résidents touchés ou s'il s'agissait d'une démarche de confort voire palliative ? Il a en effet été affirmé qu'il n'y avait pas toujours eu d'avis médical en amont.
S'agissant de la régulation, avez-vous le sentiment, lorsqu'une hospitalisation était refusée, que le médecin prenait la décision de son propre chef ou qu'une directive lui avait été diffusée pour que soit refusée l'hospitalisation des patients ayant dépassé un certain âge, comme on a pu l'entendre dire ?
Doit-on s'attendre, dans les semaines qui viennent, à une surmortalité due, non pas au virus, mais à des syndromes de glissement liés au confinement et à l'éloignement de la famille ?
Vous paraît-il nécessaire de réformer les EHPAD ?
Enfin, aviez-vous connaissance de la doctrine de 2013, qui impose aux employeurs de fournir des équipements de protection à leurs employés ?